Le durcissement des conditions de commerce extérieur décidé par le gouvernement dans la nouvelle Loi de finances complémentaire 2009 affole les entreprises et les opérateurs du port de Marseille, dont le trafic a chuté de moitié en août dernier. Les élus locaux de la cité phocéenne vont débarquer en rangs serrés à Alger pour rencontre le président de la République dans l'espoir d'arracher le maximum de concessions pour les PME marseillaises. Appuyés par la secrétaire d'État au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, Michel Vauzelle, le président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, et Jean-Noël Guérini, le président du conseil général, demandent une audience sous quinzaine au président de la République. Cette initiative est soutenue en haut lieu par le gouvernement français qui ne va pas lésiner sur les moyens pour apporter son appui à cette délégation. D'autres personnalités françaises vont se joindre à cette opération sauvetage pour faire pression sur Alger. Le président du Conseil des chefs d'entreprise France-Algérie et également président du groupe de construction et de services associés Vinci, Yves-Thibault de Silguy, l'ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, et le chef de mission économique française en Algérie, Marc Bouteiller, seront de la partie. La délégation française va solliciter le chef de l'Etat pour accorder plus de souplesse aux opérateurs du secteur portuaire de la région de Marseille. Les Français devront ainsi soigner leurs propos dans le but de «faire des propositions concrètes pour fluidifier le commerce sans trop s'immiscer dans la politique économique algérienne». «Nous n'avons pas de jugement à apporter sur la politique du gouvernement algérien. Nos démarches n'ont aucune conséquence sur la souveraineté économique de l'Algérie», a martelé, lundi, à son arrivée à Marseille, la secrétaire d'Etat au commerce, Anne Maric Idrac. La secrétaire d'Etat au Commerce extérieur a rencontré les fédérations professionnelles et les opérateurs du commerce avec l'Algérie. Puis, l'ensemble des élus locaux. Même si les élus provençaux ont refusé à dévoiler leurs propositions, il semble qu'elles s'orientent vers des partenariats portuaires entre le Grand Port Maritime de Marseille et les ports algériens sur des domaines comme l'informatique, les échanges de techniciens et l'information. «Nous avons les meilleurs accords possibles avec les pays du Maghreb sur la coopération décentralisée. Sans nous immiscer dans les initiatives du gouvernement algérien, nous voulons aller dire au président Bouteflika que nous voulons un peu de souplesse» commente Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille. Anne Marie Idrac souhaite ainsi combiner les efforts de la diplomatie de l'Etat à la coopération décentralisée. Elle a annoncé qu'elle apportait son soutien aux élus locaux qui ont prévu de se rendre à Alger dans les jours à venir, tout en se défendant de porter «un jugement sur la politique économique du gouvernement algérien», a insisté la secrétaire d'Etat. Cette démarche permet, selon elle, de «démultiplier ce qui se fait au niveau diplomatique». Cette dernière déclaration révèle l'existence de grandes pressions exercées par la France sur le gouvernement algérien pour qu'il fasse marche-arrière en matière de protectionnisme. Mais pour les économistes, les dernières répercussions de la crise économique et financière sur notre pays ne laissent pas grand choix au gouvernement. Accorder des concessions aux Français va coûter cher à notre économie déjà ébranlée par la chute des cours des hydrocarbures et l'explosion de la facture des importations. Les responsables algériens savent sûrement que nous sommes aujourd'hui dans un monde du chacun pour soi.