Le recul des activités du grand port maritime (GPM) de Marseille-Fos s'est confirmé hier avec la publication des résultats de l'année 2009. Ils révèlent une chute due trafic de 13%, notamment dans le fret, par rapport à l'exercice 2008. Plus préoccupant pour la direction de cet établissement portuaire, le repli du trafic devra se poursuivre durant cette année. En effet, l'exercice 2009 a été parmi les plus mauvais pour le port de Marseille. L'établissement portuaire a été durement affecté par la récession mondiale du commerce et de l'industrie, en particulier la sidérurgie et la chimie. Il y a eu ensuite la rupture du pipeline de la SPSE. Ceci lui a fait perdre 7 % de son trafic hydrocarbure. Vital, il représente les deux tiers du trafic à Marseille-Fos. Le segment des hydrocarbures a été le plus touché par la récession à cause des pannes techniques prolongées. Le GPM a été aussi secoué par des conflits sociaux à répétition entre les ex-salariés de la réparation navale et les agents CGT du port. Ils sont opposés à la privatisation des activités de manutention. Cependant, c'est le durcissement des formalités douanières en Algérie, conjugué à une baisse des échanges intra-méditerranéens, qui semblent lourdement affecter le grand port de Marseille-Fos. Le recul du trafic dans ce port est dû -en grande partie- au durcissement des conditions de commerce extérieur décidé par l'Algérie pour réduire massivement ses importations. L'Union Maritime et Fluviale Marseille-Fos a été la première à avoir tiré la sonnette d'alarme, dans un communiqué de presse publié fin août dernier, sur la chute sévère du trafic dans cet établissement portuaire. Le recul des importations algériennes est pointé du doigt. «Avec plus de 8MT de tonnes par an (hydrocarbures inclus), 10% du trafic total du port de Marseille-Fos repose sur les échanges avec l'Algérie. Dans les Bassins-Est de Marseille, 35 à 40% des trafics sont destinés à l'Algérie», avait averti l'UMF dans cette déclaration destinée aux pouvoirs publics et économiques français. L'UMF a estimé que la Loi de finances complémentaire 2009 menace sérieusement les activités dans le port de Marseille-Fos. Ce dernier est largement tributaire des échanges avec l'Algérie. «Ces mesures destinées à freiner les importations algériennes menacent directement l'activité dans les Bassins-Est de nombre de nos adhérents dont le chiffre d'affaires est pour certain à 75% généré par les exportations sur l'Algérie. Les trafics RO/RO d'engins TP d'occasion sont directement impactés par ces décisions». La politique algérienne mise en œuvre à partir de 2008 pour réduire la facture des importations a creusé le déficit commercial de la France, premier fournisseur et premier client de notre pays. Les mesures «drastiques» prévues dans la Loi de finances 2009 telles que l'instauration de la lettre de crédit comme unique mode de paiement de toutes les importations et l'interdiction des crédits à la consommation pour les particuliers -ont eu de graves répercussions- sur l'économie française. Selon les Douanes françaises, le déficit commercial de la France s'est élevé à 25,4 milliards d'euros durant les six premiers mois de 2009, soit 1,4 milliard de moins qu'au cours des six premiers mois de 2008. Les exportations françaises ont chuté de 16,8 % au premier trimestre 2009, à 166 milliards d'euros, rappelle-t-on. La direction du grand port maritime de Marseille-Fos reste toutefois optimiste. Elle assure que l'établissement portuaire a sorti son épingle du jeu en dépit de la grave récession du commerce mondiale par rapport à d'autres ports de la Méditerranée. La récession apparaît ainsi moins importante à Marseille que dans la plupart des autres ports de Méditerranée. «Sur les conteneurs, nous réalisons une hausse de 4 %, alors que Gênes est à -10 % au troisième trimestre, et Barcelone à -30 %», estime Chantal Helman, directrice de la stratégie au GPM. Sur l'activité concernant les passagers, les croisières stimulent toujours le trafic avec 18 % de hausse et 639.000 passagers. Tout compris, le port dégage un chiffre d'affaires de 172 millions d'euros, en baisse de 8 %. La direction du port devra emprunter pour continuer à investir plus de 100 millions en 2010. Elle espère voir arriver la reprise et les bénéfices en 2011. «Le port est en train de se redresser, mais il n'est toujours pas en bonne santé. Il faut reconquérir des parts de marché, sinon nous allons devenir un port de deuxième catégorie», prévient Patrick Daher, président du conseil de surveillance. L'année à venir devrait notamment voir la mise en service du second terminal méthanier, de la plateforme Ikea et la fin du chantier des terminaux conteneurs Fos 2XL. La direction de cet établissement portuaire pourra-t-elle résister jusqu'à la reprise de l'économie mondiale annoncée pour 2011 ou 2012? Difficile de répondre par l'affirmative. Quoi qu'il en soit, cette récession mondiale va coûter cher au grand port de Marseille, car en plus du recul de trafic sur deux années, cet établissement portuaire aura à supporter dans les années à venir le remboursement des crédits d'investissements. Il est à rappeler que les élus locaux de la cité phocéenne, appuyés par la secrétaire d'État français au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, Michel Vauzelle, le président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur, Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, et Jean-Noël Guérini, le président du conseil général, avaient débarqué à Alger pour faire pression sur le gouvernement. Cette délégation est revenue heureusement bredouilles en France, le gouvernement avait affiché un non catégorique.