Roland Blum, premier adjoint à la mairie de Marseille, qui se rendra à Alger les 20 et 21 octobre, souhaite rencontrer les responsables algériens pour tenter d'éviter la tempête. Le port de Marseille sera-t-il la première victime des nouvelles mesures, contenues dans la loi de finances complémentaire 2009 restreignant les importations? Les élus de la cité phocéenne en semblent plutôt très préoccupés. «C'est un sujet de forte inquiétude, la loi de finances étant assez inquiétante et pouvant avoir des répercussions importantes sur le trafic portuaire», a déclaré lundi, lors d'un point de presse, Roland Blum, peut-on lire sur le site du quotidien français Le Monde. Depuis l'entrée en vigueur des dispositions interdisant notamment l'importation des engins de travaux publics d'occasion et le recours au crédit documentaire pour les importateurs afin d'honorer leurs factures, un seul bateau marchand a pu appareiller du port de Marseille en direction de l'Algérie durant les deux premières semaines du mois d'août. Ce qui aurait provoqué une chute brutale du volume des marchandises traitées par le port de Marseille-Fos. Elle est estimée à quelque 40%. Le 13 août, la compagnie maritime Marfret émet les premiers signaux de détresse. La première semaine du mois dernier, elle fut contrainte de suspendre le départ d'un navire roulier, destiné au transport des véhicules, faute de marchandises. «Demain, on va faire partir un navire avec 50% de marchandises en moins», a signalé Bernard Vidil, le directeur général de la compagnie maritime Marfret, dans une interview accordée au magazine Le Moci, spécialisé dans le commerce international. Il faut signaler que la compagnie maritime Marseille-Fret née en 1951 à Marseille devenue Marfret en 1987, qui est présente sur une dizaine de lignes dans le monde, assure deux départs de navires rouliers par semaine sur l'axe Marseille-Alger et six départs de navires porte-conteneurs chaque semaine, en temps normal entre l'Europe du Sud et l'Algérie, L'entreprise de manutention Intramar, dont 35 à 40% des activités sont assurées grâce au trafic maritime avec l'Algérie et qui gère le terminal de Mourepiane se trouvant dans les bassins Est du port de Marseille, confirme ce qui s'apparente désormais à un début de crise à laquelle doivent faire face les opérateurs économiques de la cité phocéenne. «Pour la première fois, un bateau à destination d'Alger est resté à quai pendant cinq jours dans l'attente de marchandises. Aujourd'hui, il y a 50% de marchandises en moins qui sont envoyées vers l'Algérie et aucun approvisionnement n'a été réalisé au début de cette semaine», a déclaré de son côté au magazine Le Moci Michel Henry, le directeur général d'Intramar qui s'est montré très préoccupé pour l'ensemble du commerce de la ville de Marseille. Fort inquiet par cette conjoncture, Bernard Vidil a estimé que «très affectée, l'activité des bassins Est du port de Marseille, tournée en grande partie vers le Maghreb, va être mise en péril». Dès le 25 août, l'UMF, l'Union maritime et fluviale Marseille-Fos, a tiré la sonnette d'alarme. Elle a averti Anne-Marie Idrac, la secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, sur les dangers qui menacent les échanges franco-algériens. 10% du trafic total du port de Marseille reposent, en effet, sur les échanges avec l'Algérie. L'UMF espère que «La France, 2e partenaire mondial de l'Algérie, entame des négociations pour que soient trouvées des solutions intermédiaires à ces mesures radicales qui pénalisent l'Algérie comme la France». L'économie algérienne dont la facture des importations a atteint le chiffre record de 40 milliards de dollars en 2008 a, en outre, été très affectée par la dégringolade des cours de l'or noir. Ils ont perdu plus de la moitié de leur valeur. De 147 dollars le baril de brut en juillet 2008, ils sont passés à environ 70 dollars à l'heure actuelle. La batterie de mesures adoptées au mois de juillet dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009 a pour objectif de réduire le montant de ladite facture. Partant de ces données objectives, il reste à savoir si le gouvernement algérien est prêt à faire des concessions. «Nous ne ferons pas marche arrière. Ce qui nous intéresse, ce sont les intérêts des Algériens et non ceux des autres», avait souligné, à propos des mesures comprises dans la LFC 2009, Ahmed Ouyahia, lors de l'ouverture de la session d'automne du Parlement. Une déclaration aussi raide que la justice et qui sonne comme une «mission impossible» pour l'adjoint au maire de Marseille.