Le processus de transformation politique en cours dans la zone Afrique du Nord /Moyen-Orient, notamment en Egypte et en Syrie, a influé négativement sur l'évaluation de ces pays dont les notes ont été dégradées lundi à Paris par la Compagnie française d'assurance du commerce extérieur (Coface). C'est ainsi que l'Egypte a été déclassée à l'échelle C sur une échelle d'évaluation de sept niveaux (A1, A2, A3, A4, B, C, D). ‘'L'évaluation de l'Egypte, dont les finances publiques et les comptes extérieurs sont sous pression, a été déclassée en grande partie à cause des incertitudes majeures entourant le scénario politique en 2012'', a expliqué la Coface, lors de son colloque annuel sur le risque pays. Comme arguments, le Groupe avance, en plus d'une transition politique jugée incertaine, la forte chute de l'activité du tourisme (16% du PIB) dans ce pays, un recul de la croissance (1,2 % en 2011-2012), un déficit budgétaire « de plus en plus important » (-11,5 % du PIB et un secteur bancaire fragilisé et dominé par des banques d'Etat. La Coface n'écarte pas un recours de l'Egypte au FMI, option déjà refusée par le Caire pour ne pas accroître une dette publique jugée très élevée, estimée à 83,0 % du PIB. En Syrie, déclassée en D, la situation extrêmement tendue et les sanctions internationales auront des répercussions défavorables sur la croissance économique et les finances publiques, soutient, par ailleurs, la Coface. Pour ce pays, en proie à un soulèvement populaire depuis mars 2011, une récession économique a été déclarée par des experts internationaux, même si cette récession a été atténuée par les dépenses publiques (mesures sociales, particulièrement) et le secteur des hydrocarbures, quoiqu'en déclin. Pour les autres pays de la zone ayant connu des soulèvements populaires en 2011, la Coface a maintenu ses notes d'évaluation pour la Libye et la Tunisie. Pour le premier pays, qui a vu la chute du régime du Colonel El Gueddafi à la suite d'un mouvement populaire appuyé par l'Otan, la classification en catégorie D signale un risque « très élevé » et une transition politique et une situation sécuritaire « incertaines », l'ensemble du processus de reconstruction devant s'étaler jusqu'en 2013. S'agissant de la Tunisie, la note A4 a été également maintenue avec un risque, à moyen terme, jugé « assez faible ». La Coface s'attend à un « rebond» de la croissance en 2012, en raison, soutient-on, d'une « reprise de la consommation des ménages, un retour à une situation politique plus stable et à l'investissement privé qui avait été bridé par le népotisme de l'ancien clan présidentiel ». « Ce rebond, relativise la Coface, risque d'être freiné par des tensions sociales jusqu'à l'achèvement du processus de transition politique, ainsi que par une conjoncture économique mondiale difficile, surtout dans les principaux pays européens partenaires (France, 32 % des ventes en 2011 et Italie, 22%). Pour les entreprises européennes, la Coface relève, par ailleurs, qu'elles sont « victimes » de la nouvelle crise systémique globale, observant une « nette rupture » du comportement de paiement des entreprises depuis le second trimestre 2011 qui a vu, selon elle, une remontée des impayés. « Cette dégradation de la solidité moyenne des entreprises prouve que la crise prend un nouveau virage et atteint une dimension systémique globale avec l'entrée en crise de l'Italie », constate la Coface, qui a abaissé d'un cran à A4 l'évaluation de l'Italie et de l'Espagne, l'une fragilisée par un endettement public massif, l'autre par l'endettement de son secteur privé. L'évaluation risque pays Coface mesure le niveau moyen de risque d'impayés présenté par les entreprises d'un pays dans le cadre de leurs transactions commerciales.