Entre ses perspectives de développement, notamment de son réseau commercial, et la rareté du foncier, Algérie Poste, devenue EPIC depuis 2005, se retrouve à la croisée des chemins en raison de sa position de service public par excellence. Cependant, entre les moyens modernes mis en place, notamment l'introduction les cartes de retraits magnétiques dont le nombre distribué avoisine les 6 millions et les capacités d'accueil notamment dans les grands centres urbains avec leurs nouvelles zones d'habitations. Contacté à cet effet, le directeur de la communication Nouredine Boufenara explique que « le citoyen entretient une relation quasi charnelle avec l'argent et peine à s'habituer aux moyens modernes de paiement». Il dira que «les Algériens ne sont pas encore numérisés mentalement». Il estime qu'Algérie Poste a été en avance sur le comportement des Algériens en lançant cette carte dès 2007. Il a fallu 20 mois pour que les cartes soient livrées à leurs propriétaires à travers les 48 wilayas. D'une validité de deux ans, elles sont arrivées à expiration cette année. Algérie Poste a alors procédé à une campagne pour leur renouvellement avec, cette fois, une durée de vie de 4 ans, en commençant par la wilaya d'Alger dès le début d'avril et l'opération ne sera étendue au reste du pays que dans 20 mois. Dans l'intervalle, les anciennes cartes peuvent être utilisées uniquement dans les guichets à l'intérieur des bureaux de poste et non dans les 400 guichets automatiques de billets (GAB). La désaffection des clients vis-à-vis des cartes a poussé l'entreprise à reprendre la confection des chéquiers même si la situation est loin d'être satisfaisante sur ce chapitre. Chaque jour, ce sont 2.000 chéquiers non récupérés par les demandeurs qui sont détruits. Généralement, ce sont les propriétaires ayant changé d'adresse qui sont à l'origine de cette situation. Ce ne sont pas ces problèmes qui empêchent Algérie Poste de constater que la masse monétaire ayant transité par ses 3.300 bureaux a été de 25.000 milliards de dinars en 2008. Ce n'est pas étonnant lorsqu'on sait que la poste a ouvert des comptes CCP pour 11 millions de citoyens, souligne Boufenara. Parmi ces clients, il y a 1,6 million de fonctionnaires, 1,5 million de retraités, et environ un million d'étudiants. A ceux-là, il faut ajouter les assurés de la sécurité sociale et les bénéficiaires des allocations familiales qui prennent possession de leurs prestations à travers la Poste, sans oublier les clients titulaires de compte pour diverses raisons. Un million de citoyens s'adressent à la poste quotidiennement dont 800.000 pour des opérations financières liées au CCP alors que les autres s'y rendent pour l'affranchissement du courrier, l'envoi ou la réception de mandat, le paiement des factures de Sonelgaz ou d'Algérie Télécom ou encore pour solliciter les services de Western Union. Conséquence de cette fréquentation, Algérie Poste se retrouve en deçà des normes internationales en matière de couverture qui est d'un bureau pour 6.000 habitants alors qu'elle n'est que d'un bureau pour 10.000 habitants en Algérie. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce ne sont pas les zones rurales qui sont défavorisées mais plutôt les zones urbaines à cause d'une augmentation rapide de leurs populations suite à l'exode enregistré lors des années marquées par des actions terroristes, selon Boufenara. Un programme d'ouverture de nouveaux bureaux est élaboré par la poste pour éponger ce déficit mais l'absence d'assiettes foncières handicape ce projet.