Après que les voix d'opérateurs étrangers exportateurs vers l'Algérie, notamment les français, les allemands et les américains, se lèvent pour critiquer les mesures contenues dans la Loi de finances complémentaire 2009, c'est au tour des opérateurs algériens de monter au créneau. La dernière sortie en date est celle du Forum des Chefs d'Entreprises (FCE) qui, désespérant de voir les mesures contenues dans cette loi abrogées dans le cadre de la Loi de finances 2010, s'est élevé par la voix de son président Réda Hamiani contre le maintien du Crédit documentaire comme unique moyen de paiement dans les opérations de commerce extérieur. Il regrette surtout que soient mis dans le même panier, les importateurs de marchandises destinées à la vente en l'état et les entreprises économiques importatrices de biens d'équipements, de matières premières et de pièces de rechanges «Le Credoc est une impasse pour les producteurs. Le patronat aurait voulu qu'on fasse la distinction entre les importateurs qui revendent en l'état et les chefs d'entreprises qui produisent. Il n'est pas normal de les pénaliser avec le crédit obligatoire qui met un mois pour être confirmé ou infirmé aux fournisseurs». Mesure introduite pour une meilleure transparence et un meilleur contrôle du mouvement des devises, le Crédoc fait grincer des dents pour les lenteurs qu'il génère et par le fait que les opérateurs sont astreints à attendre un, deux, voire trois mois pour que l'opération soit confirmée. Les entreprises importatrices de biens d'équipements et de matière premières et dont la trésorerie ne permet pas un aussi long découvert, se trouvent pénalisées par ces retards qui influent négativement sur leur rendement. La première corporation à s'être fait entendre est celle de l'industrie pharmaceutique. Amar Ziad, président de l'Union nationale des opérateurs de pharmacie (UNOP), a tiré la sonnette d'alarme la semaine dernière, affirmant que : «le Crédoc imposé pour les opérations de commerce extérieur, commence à menacer l'industrie pharmaceutique dans le pays». Le président de l'UNOP dit avoir frappé à toutes les portes pour faire abroger cette disposition. «Nous avons écrit au Premier ministère pour l'avertir que les entreprises de production vont se retrouver dans une situation d'asphyxie en raison du passage par le Crédoc pour l'importation des intrants. Même procédure pour les produits finis. On ne peut pas payer trois mois à l'avance des marchandises que nous n'avons pas. Les moyens financiers ne permettent pas aux entreprises de payer l'arriéré à leurs fournisseurs et continuer à importer en payant à l'avance». Et M. Ziad d'avertir «s'il n'y pas de solutions à ce mode de payement d'ici fin novembre, la pénurie, déjà constatée pour certains produits, va s'aggraver pour tous les médicaments». La réponse des pouvoirs publics est venue sous la forme d'une déclaration pas très convaincante. Il y est fait état de mesures spéciales pour les importateurs sérieux. Aucune mesure concrète ni critère d'éligibilité à cette faveur ne sont, cependant, précisés. Le FCE, à en croire les déclarations de son président, ne compte pas s'arrêter là puisqu'il annonce «la tenue pour bientôt d'une assemblée générale pour interpeller les pouvoirs publics sur cette question via une motion». Hamiani plaide, par ailleurs, pour des plans de relance ambitieux que doit proposer l'Etat aux entreprises pour «renforcer la croissance économique portée depuis 2001 par les dépenses publiques par une croissance tirée par les entreprises». Cela sous-entend que l'une des premières embûches qui risquent de freiner l'expansion d'une économie portée par les entreprises est justement cette difficulté de trésorerie générée par l'introduction du Crédoc. Aux pouvoirs publics de trouver la solution intermédiaire entre la protection de l'économie et la libération de l'entreprise productive des contraintes.