Un double-attentat à la voiture piégée visant deux bâtiments gouvernementaux irakiens a fait au moins 132 morts et plus de 500 blessés, hier, dans le centre de Bagdad, qui connaît là son attaque la plus meurtrière depuis des mois. Ces deux explosions de forte puissance avaient pour cibles le ministère de la Justice et le siège du gouvernorat de la province de Bagdad, situés près des berges du Tigre selon une dépêche de l'Afp. Elles sont intervenues à quelques minutes d'intervalle l'une de l'autre. La rue longeant le siège du gouvernorat était inondée et des pompiers ont retiré des corps mutilés et carbonisés. Plusieurs carcasses de véhicules incendiés jonchaient la voie. Les secouristes, équipés de grues, ont entrepris de fouiller les décombres de la façade du ministère de la Justice et ont retiré eux aussi des corps. Le porte-parole du gouvernement irakien, Ali al-Dabbagh, a expliqué qu'il se trouvait à l'hôtel Mansour lorsque les bombes ont explosé et que lui et d'autres personnes de son entourage ont reçu des bris de verre. Cet hôtel abrite l'ambassade de Chine et les bureaux de plusieurs entreprises de presse étrangères. On n'y signalait aucun blessé grave. Pour rappel, le 19 août dernier, deux camions piégés avaient fait près de 100 morts et plusieurs centaines de blessés à Bagdad, dans des attentats visant les ministères des Affaires étrangères et des Finances. De manière générale, la violence a décliné en Irak depuis que Washington s'est assuré l'appui des chefs de tribus locales dans sa lutte contre Al Qaïda, et depuis l'envoi de renforts américains, mais les attentats n'en demeurent pas moins fréquents dans certaines parties du pays. Selon des responsables militaires américains, des attentats du genre de ceux commis à Bagdad hier et en août visent à rallumer le conflit intercommunautaire qui a ensanglanté le pays après l'invasion américano-britannique de 2003 et à saper la confiance dans le Premier ministre Nouri al Maliki à l'approche des élections législatives prévues pour l'année prochaine. On s'attend à ce que Nouri al Maliki fasse campagne en vantant l'amélioration des conditions de sécurité à travers le pays. Les forces américaines se sont retirées à l'intérieur de leurs bases et ont ainsi évacué les centres urbains en juin, laissant aux Irakiens le soin d'assumer la sécurité.