L'opération de l'extension du port d'Oran est en bonne voie. Les responsables de l'établissement portuaire d'Oran mettent le cap sur le traitement de 1,5 million de containers EVP* par an à l'horizon 2017 pour faire du port de la deuxième ville du pays un pôle d'éclatement appelé dans le jargon technique un port de transbordement. L'extension du port d'Oran se fera en deux phases. Il s'agit, dans un premier temps, de réaliser un nouveau quai de 600 mètres de long édifié sur 24 hectares de terre qui seront pris sur la mer. Le nouveau quai sera équipé de deux grues géantes pour containers d'une capacité de 30 boites par heure chacune. L'opération devra couter 12 milliards de dinars. Les responsables de l'EPO sont, d'ores et déjà, à la recherche d'un partenaire fiable parmi les nombreux prétendants qui sont en lice pour décrocher un contrat de partenariat pour la gestion du futur terminal à containers. L'objectif étant de démarrer les travaux dès le début de l'année 2010, le choix du partenaire devrait être arrêté très prochainement. Le DG de l'Etablissement portuaire d'Oran, Chemsa Mohamed, rencontré en marge de la visite de la délégation d'hommes d'affaires catalans à Oran, explique, dans cet entretien, les détails de ce projet qui devra améliorer les capacités de traitement des containers dans le port d'Oran. Le Financier: Aux dernières informations, l'étude du futur terminal d'Oran a été finalisée par le bureau d'études français Axelcium et l'inscription du projet est en attente de l'aval des ministères des Transports, des Travaux publics et des Finances. Qu'en est-t-il aujourd'hui? Chemsa Mohamed : «Si l'opération est inscrite en 2010…disons qu'en 2013 la première phase d'extension sera réalisée. Il aura une capacité de 24 hectares supplémentaires pour aboutir à un niveau de trafic de 600.000 à 700.000 boites par an et avec des tirants d'eau allant jusqu'à 13 mètres qui permettraient de recevoir des navires de 2ème et de 3ème génération. Il est vrai que nous ne serions pas encore au niveau, pour l'exemple, du port d'Algesiras qui en fait 2 millions ou le port de Barcelone qui en traite entre 3 et 3,5 millions de containers/an. Mais ne dit-on pas que l'appétit vient en mangeant ?». Le Financier: Pouvez-vous nous donner quelques chiffres sur les capacités actuels du port d'Oran ? C. M.: «Nous faisons actuellement dans les 140 à 150.000 boites par an. Ce n'est pas énorme et nous ne faisons que des «feeders», des bateaux qui font la Méditerranée d'une capacité maximum de 700 à 800 containers». Le Financier: Avez-vous choisi un partenaire étranger pour la gestion du futur terminal ? C. M.: «Pour le moment, il n'y a aucune formule qui a été retenue ni examinée ou même étudiée. Beaucoup de monde est intéressé par le port d'Oran, mais, pour l'instant, il n'y a rien de concret». Le Financier: Les investisseurs s'intéressent-t-ils uniquement à la gestion du terminal à containers? C. M.: «Nous privilégions le partenariat dans la réalisation de l'extension des infrastructures. Ceci étant dit, le futur partenaire est tenu d'apporter des capitaux à mettre dans les infrastructures portuaires qui coûtent excessivement cher». Le Financier : Avez-vous une idée sur les potentiels partenaires? C. M.: «Plusieurs partenaires étrangers dont des Espagnols, des Européens et même du Moyen-Orient sont en lice pour le terminal à containers et d'autres aspects. Mais à l'heure où je vous parle ce n'est qu'au stade des intentions». Le Financier : Que voulez-vous dire exactement par «d'autres aspects»? C. M.: «Notre souhait serait de développer, en partenariat, des plateformes logistiques et des ports secs. Nous sommes ouverts à toutes les propositions. Nous avons nos capacités humaines et financières et même managerielles. De ce fait, cela nous permet de traiter d'égal à égal. Ça sera un partenariat gagnant/gagnant». Le Financier : Revenons au contexte de la visite du Président du gouvernement autonome de la Catalogne à Oran. A ce propos, où en sont les échanges commerciaux avec l'Espagne ? C. M.: «Les échanges avec l'Espagne sont au top niveau. Ils sont en évolution croissante et nous espérons que cela continue. Sur 4,6 millions de tonnes de marchandises qui transitent par notre port, nous faisons 28% avec l'Espagne. Nous travaillons avec plusieurs ports espagnols comme Alicante, Algesiras, Valence et Barcelone. La part de ce dernier dans le trafic entre Oran et l'Espagne est de 40%. Il serait intéressant de développer, ce qu'on appelle maintenant des autoroutes de mer, à l'instar de ce qui se fait avec Bejaia. C'est notre principal objectif. Le Financier : Y'a-t-il eu, en ce sens, des propositions concrètes? C.M. : «Les Espagnols veulent aller vite en besogne. Ils tiennent énormément à développer des relations avec Oran pour le projet d'extension du port. La chance sera donnée à tout le monde. Il y a beaucoup de concurrents en lice et il faut que les Espagnols s'inscrivent dans une démarche globale et dans le respect, bien entendu, des procédures. Le Financier : Pouvez-vous nous donner plus de détails sur la deuxième phase d'extension du port d'Oran ? C. M.: «Il s'agit de la création d'un quai de plus de 900 m linéaires édifié sur 34 autres hectares conquis sur la mer, ainsi que l'installation de deux autres grues pour grands navires». Le coût de cet investissement serait d'environ 50 milliards de dinars. Après la concrétisation de cette deuxième phase, le port d'Oran sera en mesure d'accueillir des porte-conteneurs géants et effectuer des transbordements à l'échelle méditerranéenne. Il pourrait servir de point de départ des conteneurs vers les pays subsahariens comme le Mali et le Niger. En somme, l'opération de modernisation du port d'Oran va autoriser la mise en place d'un terminal à containers d'une surface totale de 54 hectares pourvu d'équipements nécessaires.