Le crime de l'hôtel El-Ouarsenis, sis boulevard Emir Abdelkader, au centre-ville d'Oran, était hier à la barre. Trois personnes comparais-saient au box des accusés. L.N. et S.S. étaient inculpés d'«homicide volontaire avec préméditation et guet-apens», «assassinat» en d'autres termes. Leur complice présumé, une femme répondant aux initiales de B.S. était, quant à elle, accusée du délit de «non-dénonciation de crime». Petit flash-back pour revenir à la nuit du drame, le 11 décembre 2007. Comme d'habitude, l'assidue femme de ménage de l'hôtel vint de bonne heure pour faire le nettoyage. D'entrée dans la salle de réception au rez-de-chaussée, elle dit bonjour au réceptionniste. Aucune réponse. Elle répète plusieurs fois en haussant la voix. Silence cathédrale. Le doute s'empare d'elle, le vieil hôte de la maison n'ayant pas l'habitude d'abandonner son poste, encore moins de s'absenter. Détail plus qu'intriguant : il y avait un désordre suspect sur le comptoir d'accueil et le tiroir de la caisse était ouvert, raconte, la voix tremblante, la femme de ménage, sous le regard concentré du juge et de ses deux conseillers ainsi que le jury. Au bout d'une petite fouille, elle trouve le corps sans vie du réceptionniste- pieds et poings ligotés- la bouche bâillonnée au moyen d'une bande adhésive, scotch d'emballage. Après des cris d'alerte, elle se ressaisit, prend le téléphone du standardiste et appelle la police. Celle-ci arrive et commence d'entrée de jeu par délimiter et sceller la scène du crime en attendant l'arrivée des experts du laboratoire régional de la police scientifique de la brigade criminelle du commissariat central. Rapport d'autopsie : la victime est décédée par strangulation. D'autres éléments importants : la porte de la chambre 22 était grand ouverte, ses effets mobiliers et sa literie étaient dans un désordre indescriptible. Une piste s'éclaircit pour les enquêteurs. Qui occupaient la chambre 22. Il n'y avait pas de noms portés sur le registre. En revanche, il y avait une pièce d'identité dans le terroir du bureau du réceptionniste, la clé de l'affaire. De fil en aiguille, les enquêteurs réussiront à mettre la main sur les auteurs présumés du meurtre, en l'occurrence L.N. et S.S. Reconstitution des faits, tels que consignés dans l'arrêt de renvoi de la Chambre d'accusation. Cette nuit-là, L.N. et sa petite copine B.S. louèrent la chambre 22. Etant donné qu'ils se sont présentés en «faux couple», le réceptionniste est passé outre les formalités hôtelières, mais en exigeant toutefois des pièces d'identité des deux clients et un petit pourboire. Après une nuit bien arrosée, L.N., insatisfait du mauvais accueil réservé par l'hôte de l'hôtel qui ne le portait pas dans son cœur- conçoit un plan criminel- visant à dévaliser la recette de la boite après la liquidation physique du réceptionniste. Tôt le matin, il appelle son copain S.S. et passent ensemble à l'action. Au début, S.S. était entendu comme témoin dans cette affaire et, ne fut-ce ses empreintes retrouvées sur les bouteilles de bière qui sont venus tel un cheveu sur la soupe, il allait sortir blanc comme neige de ce mauvais pas. Le P.G. a requis la réclusion à perpétuité contre les deux auteurs présumés du crime et 3 ans d'emprisonnement pour « la racoleuse ». Au terme des délibérations, les deux hommes ont été condamnés à 15 ans d'emprisonnement. La femme, quant à elle, a écopé d'un an de prison ferme.