Le forum des chefs d'entreprises FCE, présidé par de Réda Hamiani, rencontrera, aujourd'hui à Alger, une délégation composée de 70 chefs d'entreprises français du MEDEF conduite par sa présidente Laurence Parisot, une occasion pour faire le bilan de partenariat entre les deux organisations patronales. «Nous allons aussi saisir cette occa-sion pour avoir une explication franche avec nos partenaires français et donner une nouvelle dynamique et un nouveau cadre à nos échanges. Nous allons également expliquer à nos amis français les nouvelles règles économiques en Algérie», nous a indiqué M. Hamiani, président des chefs d'entreprises. La délégation, présidée par Laurence Parisot, présidente de cette organisation patronale, accompagnée de François Périgot, ancien patron des patrons français, et d'Yves-Thibault de Silguy, président du Comité Algérie au sein du Medef et du conseil d'administration du groupe Vinci, aura un programme très chargé. La délégation sera reçue par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, le ministre des Finances, Karim Djoudi, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Karim Temmar, et le gouverneur de la Banque d'Algérie. Elle aura aussi des discutions avec les responsables et les cadres des agences intervenant dans l'investissement en Algérie. Les hommes d'affaires français viennent, certes, pour s'enquérir de la situation pour mieux comprendre les nouvelles orientations économiques, mais certains sont porteurs de projets d'investissement en Algérie, s'inscrivant dans le cadre des nouvelles dispositions de la Loi de finances complémentaire. «Les entreprises françaises ne baissent pas les bras», avait souligné, jeudi, l'ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt. Selon le chef de la mission économique de l'ambassade, la France est le premier investisseur en Algérie hors hydrocarbures. Les entreprises françaises en Algérie ont généré 35.000 emplois directs (100.000 avec les indirects) dans tous les secteurs de l'économie. «Les entreprises françaises implantées en Algérie sont des entreprises citoyennes», a souligné Marc Bouteiller, indiquant qu'elles réinvestissent en moyenne plus de 80% de leurs bénéfices. «Les efforts de formation et de transferts de savoir-faire des sociétés françaises en Algérie ont été multipliés par cinq depuis 2005. 300.000 journées de formations ont été dispensées en 2008» a relevé le chef de la mission économique de l'Ambassade de France. Marc Bouteiller a indiqué que les entreprises françaises comprennent les motivations des autorités algériennes concernant les dispositions de la Loi de finances complémentaires. Il cite le risque de réapparition des déficits jumeaux -balance des paiements et budget- et la volonté de maintenir un ambitieux programme de modernisation des infrastructures évalué à 150 milliards de dollars sur les cinq années à venir. Selon M. Bouteiller, les entreprises françaises soutiennent la volonté affichée par le gouvernement algérien de combattre l'informel qui gangrène l'économie, et de «nettoyer» le secteur de l'importation. Elles sont prêtes à accompagner les autorités algériennes dans le développement d'une offre locale pour peu que l'Algérie précise ce qu'elle attend des investissements directs étrangers, les secteurs protégés, secteurs ouverts, les incitatifs pour les investissements souhaités et une éventuelle gestion au cas par cas. Les autorités françaises ne cessent de dire que parmi les quatre grands investisseurs traditionnels en Algérie, la France est le seul pays dont les investissements ne sont pas concentrés dans un ou deux secteurs à forte valeur ajoutée, tels que l'exploitation des hydrocarbures, les télécommunications ou encore le BTP. La France constitue ainsi de loin le premier investisseur hors hydrocarbures en Algérie et nos entreprises participent ainsi à la diversification et à la mise à niveau de l'économie algérienne. Mais le président des chefs d'entreprises, tout en reconnaissant le fait que les Français sont les premiers investisseurs hors hydrocarbures, estime «que ce n'est pas suffisant» par rapport aux échanges commerciaux. En effet, dans un focus export pays consacré à l'Algérie, UBIFrance note que la France est le premier fournisseur de l'Algérie. Elle y exporte presque 50% de plus que la Chine (11,2%) et l'Italie (10,9%), respectivement deuxième et troisième fournisseurs. Les échanges bilatéraux entre la France et l'Algérie avoisinaient à peine 3 milliards d'euros en 1996. Ils ont plus que doublé en dix ans et plus que triplé en douze ans. Atteignant un pic à 8 milliards d'euros en 2005 et 2006, ils ont légèrement chuté à 7,3 milliards d'euros en 2007 en raison de la baisse des importations. Néanmoins, ils ont vigoureusement remonté en 2008 (+41%) pour dépasser le seuil record des 10 milliards d'euros. Mais, sur le plan des investissements étrangers, l'Algérie n'a reçu que des miettes. De 2000 à 2008, l'Algérie a reçu un milliard de dollars par an d'investissements directs étrangers, pas seulement français. Il n ya pas eu de partenaires exceptionnels par rapport au Maroc et la Tunisie. Le nombre d'entreprises étrangères présentes en Algérie est dix fois plus faible. L'Algérie n'a pas bénéficié de transfert de technologie. Les investissements se sont orientés vers les services, l'immobilier, les téléphonies, mais très peu dans la production. Des investissements qui n'ont pas permis de tirer vers le haut le mode de fonctionnement de note économie.