Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci a affirmé dimanche que la vision de l'Algérie concernant le dossier syrien émanait de ses principes diplomatiques fondés sur la non ingérence étrangère et le respect de l'autorité et de la souveraineté des Etats. Le gouvernement algérien a sa propre vision, au regard de ses relations historiques avec la Syrie et sa coopération durable avec ce pays» et compte tenu de l'importante communauté algérienne établie dans ce pays, a déclaré M. Medelci dans un entretien à la chaine «Al Arabia». Il a ajouté que l'Algérie «a une position qu'elle défend», notamment à travers sa présence dans la commission des Cinq de la Ligue arabe depuis plus d'une année, affirmant qu'elle cherche toujours des solutions politiques émanant des deux parties» et continue d'oeuvrer dans ce sens, «en dépit de l'échec des efforts arabes». Il a ajouté que la désignation de Lakhdar Brahimi comme représentant de la Ligue arabe et de l'ONU, constitue «un effort supplémentaire», souhaitant que ce dernier puisse avoir l'opportunité de régler la question syrienne «très complexe», grace à sa crédibilité et à la volonté de toutes les parties de le soutenir pour éviter «l'aggravation de la situation». «Favorable à la pratique des libertés loin de la violence quelle que soit sa source», l'Algérie «n'a pas de parti pris» mais veut être «un trait d'union» entre les parties, a souligné M. Medelci. «Le gouvernement syrien a la responsabilité de rétablir le calme et de garantir un climat favorable à une solution politique», a-t-il indiqué. Concernant la position de l'Algérie quant à la garantie de zones sécurisées pour les réfugiés en Syrie, il a souligné la nécessité d'aider les réfugiés syriens, précisant que l'Algérie en a «accuelli plus 12 000». «Cependant, a-t-il dit, si le but des zones sécurisées est l'intervention étrangère nous nous y opposons». La préservation de la Syrie «ne saurait être réalisée par la poursuite des tueries mais exige des concessions de la part du gouvernement syrien et de l'opposition armée» pour parvenir à un consensus, a-t-il ajouté, précisant que des contacts ont été établis avec M. Brahimi sur la situtation en Syrie y compris «la possibilité de dépêcher des forces militaires arabes et onusiennes pour le maintien de la paix en Syrie». Les crimes commis par la France coloniale en Algérie… S'agissant de l'envoi en Syrie de forces militaires de la commission quadripartite, M. Medelci a affirmé qu'il n'avait pas pris part à ces consultations, ajoutant que ce «quartette» est «une nouveauté» et qu' avant de se prononcer sur cette commission, il faut attendre la mise en place des mecanismes sur lesquels sera basée son action. Quant à sa position vis-à-vis la fourniture par l'Iran d'armes au gouvernement syrien, M. Medelci a souligné que l'Algérie était «pour l'arrêt des aides susceptibles d'attiser les actes de violence quelle que soit leur source». Quant à une éventuelle demande par l'Algérie au président français François Hollande -lors de sa visite en Algérie prévue en décembre prochain- de «reconnaître les crimes commis par la France coloniale en Algérie», M. Medelci a indiqué que «l'Algérie officielle n'a pas demandé des excuses officielles à la France mais attend ces excuses à l'instar du peuple algérien». A une question relative à des informations sur des menaces proférées par les salafistes et l'organisation d'Al Qaeda contre l'Algérie qui auraient déclaré qu'après la Syrie ce sera le tour de l'Algérie, le ministre a souligné que cette dernière «a déjà connu une telle expérience, peut être la plus lourde dans le monde arabo-musulman», rappelant la décennie noire vécue par l'Algérie dans les années 1990. Il a en outre réaffirmé dans le même contexte, «la volonté commune du peuple et des autorités algériennes de combattre le terrorisme». S'agissant la question du Sahara Occidental, M. Medelci a souligné qu'il s'agit de l'autodétermination du peuple sahraoui, ajoutant que «l'Algérie n'est pas partie prenante au conflit mais elle est concernée et souhaite une solution pacifique». Evoquant la coopération intermaghrébine, il a rappelé la réunion des ministres maghrébins des Affaires étrangères tenue le 10 juillet dernier en tant que «première réunion historique» des pays du Maghreb arabe dont l'objectif est la promotion de la coopération sécuritaire dans la région, qualifiant cette réunion de «très positive». Concernant la coopération algéro-libyenne, M. Medelci a rappelé les relations et les accords bilatéraux et le soutien de l'Algérie à la Libye pour le rétablissement de toutes ses institutions sécuritaires, rappelant la participation de l'Algérie récemment à la conférence de Tripoli dont l'objectif était «la protection des frontières «. Pour ce qui est de la question palestinienne, le ministre a souligné que le président palestinien Mahmoud Abbas poursuit ses contacts avec la Ligue arabe tout en rappelant que la Palestine présentera à la fin de l'année en cours une demande officielle à l'ONU pour en devenir membre permanent. Evoquant le dossier nucléaire iranien, M. Medelci a souhaité un traitement «rationnel» de ce dernier, tout en soulignant le «droit des Iraniens de développer leurs capacités nucléaires par des moyens pacifiques».