Les salaires des fonctionnaires vont coûter au Trésor public 1.500 milliards de dinars en 2010, suite à la décision de la tripartite de relever le salaire national minimum garanti (SNMG) de 12.000 à 15.000 dinars, a annoncé hier le ministre des Finances, Karim Djoudi. Le budget consacré par l'Etat aux salaires des fonctionnaires, qui était de 1.314 milliards de dinars durant cette année, va ainsi progresser de quelque 200 milliards de dinars, dont la moitié sera affectée pour la hausse du SNMG et le reste pour couvrir les indemnités. L'argentier du pays estime que cette revalorisation du SNMG est une «relative contrainte» pour la trésorerie- en raison notamment de la chute des recettes pétrolières- de l'Algérie en 2009. «Nous avons enregistré une baisse de 50% de la fiscalité pétrolière en 2009», avertit Karim Djoudi. Il précise toutefois que la fiscalité interne a augmenté de 23% durant cette année. La fiscalité ordinaire (812 milliards de dinars) couvre à peine 60% du coût des salaires en Algérie, indemnités et allocations non comprises. La décision de payer les indemnités aux fonctionnaires suivant un effet rétroactif à partir de janvier 2008, coûtera à l'Etat 140 milliards de dinars pour chacune des années 2008 et 2009, pour atteindre un total de 280 milliards de dinars en appliquant l'effet rétroactif. La revalorisation du salaire national minimum garanti (SNMG) coûtera une enveloppe de 90 milliards de dinars annuellement. Pour le ministre, l'économie nationale -qui demeure dépendante des cours des hydrocarbures- ne produit pas suffisamment de richesses pour satisfaire les besoins du pays. Karim Djoudi s'attend, cette année, à une croissance hors-hydrocarbures de 6% contre 10% pour le secteur hydrocarbures. Revenant sur la revalorisation du SNMG, l'argentier du pays affirme que le rattrapage du pouvoir d'achat doit se faire non seulement par la hausse des salaires mais surtout par la création de la valeur ajoutée. En d'autres termes, produire plus pour gagner plus. Il préconise, dans ce sens, une régulation des prix à la consommation par un meilleur contrôle des marges bénéficiaires des commerçants et autres intermédiaires. Questionné sur les fonctionnaires concernés par cette revalorisation du salaire minimum, il déclare que tous les travailleurs vont bénéficier sans exception de cette nouvelle mesure. «La loi s'appliquera à tout le monde», lance le ministre. La revalorisation du salaire minimum touchera l'ensemble des travailleurs activant aussi bien dans la Fonction publique que dans le secteur économique public et privé. Quelque 1,6 million d'employés de la Fonction publique et près de 500.000 travailleurs du secteur public économique bénéficieront de cette augmentation, en plus de près de 1,8 million de retraités. La tripartite (gouvernement, UGTA, patronat), réunie en sa 13ème session, avait décidé d'une augmentation de 25% du SNMG devant être effective à partir du 1er janvier prochain, rappelle-t-on. Interrogé sur les allocations familiales, il rétorque «grossièrement, nous dépensons annuellement une cinquantaine de milliards de dinars pour les allocations familiales, dont la moitié (25 milliards de dinars) va pour le secteur non-productif. Abordant les revendications du patronat pour une abrogation du Credoc, il affirme : «il n'y pas lieu de modifier la loi. Nous allons accorder seulement des facilitations aux opérateurs économiques pour l'importation des intrants. Une réunion sera organisée incessamment entre le ministère des Finances et les organisations patronales pour discuter justement des contraintes rencontrées par les entreprises dans l'importation des matières premières. Sur sa lancée, le ministre a déclaré que l'Etat a consentit de grands efforts dans la nouvelle loi de finances 2010 pour alléger la pression fiscale sur les entreprises algériennes. A une question sur l'entrée en vigueur du crédit bonifié à 1% pour l'acquisition de biens immobiliers prévu par la nouvelle loi de finances, Karim Djoudi souligne que les textes d'application seront élaborés en janvier prochain.