Alors qu'on focalise sur les Investissements directs français en Algérie, CEVITAL tente de prendre le chemin inverse. Le premier groupe privé algérien en termes de chiffre d'affaires (3,5 milliards de dollars) est en discussions depuis quelques mois avec le volailler Doux pour racheter l'ensemble de ses activités. «Nous sommes intéressés par le rachat de Doux, mais nous ne pouvons pas en dire plus. Nous avons un accord de confidentialité à respecter», a déclaré, hier, à TSA, la direction de Cevital. Selon ce même site d'information, le patron du groupe algérien, Issad Rebrab, a déjà évoqué le sujet avec les ministres français du Redressement productif Arnaud Montebourg et de l'Agriculture Stephane Le Foll. La France ne s'oppose pas à ce que des intérêts algériens prennent des participations dans le capital des groupes français, avait déclaré fin novembre Jean Pierre Raffarin, chargé du suivi des investissements français en Algérie. La «colocalisation» proposée par le gouvernement français pour bâtir un partenariat d'exception avec l'Algérie prévoit des participations croisées dans les entreprises des deux pays. Issaad Rebrab qui a, depuis peu, pris son bâton de pèlerin pour aller prospecter les opportunités d'investissements en Afrique, lorgne également du côté du nord de la méditerranée, où la situation économique est une aubaine pour les entreprises algériennes pour s'y installer. «Les opportunités qui se présentent aujourd'hui en France et en Europe d'une façon générale, pour le rachat d'activités, en raison de la crise économique, ne risquent pas de se reproduire dans au moins cent ans. Il faut les saisir maintenant», estime M. Rebrab qui confirme son ambition d'aller investir dans l'hexagone : «Nous sommes intéressés par le rachat de certaines activités en France. Nous pourrions ainsi sauver des emplois là bas et en créer d'autres chez nous, en profitant du savoir faire français pour accompagner des entreprises naissantes en Algérie et même en Afrique. L'Algérie peut apporter sa contribution à la France si le gouvernement algérien nous autorise à racheter des entreprises françaises.» Toutefois, excepté Sonatrach, l'Algérie n'autorise pas ses entreprises à se développer à l'international et à investir à l'étranger. La Banque d'Algérie n'autorise pas les entreprises à transférer des devises pour acquérir des actifs à l'international. Pour y parvenir, les groupes algériens doivent obtenir une dérogation du Conseil de la monnaie et du crédit. En attendant que cette contrainte puisse être levée, Rebrab fait déjà part de sa vision et des objectifs de l'investissement de son groupe en France: «Nous souhaitons racheter des unités industrielles et investir dans la production de matières de base courantes comme les céréales, le soja, etc., afin de contribuer à assurer la sécurité alimentaire du pays. La consommation mondiale de produits alimentaires et les prix des matières premières agricoles ne cessent d'augmenter. La planète n'est pas à l'abri d'une crise alimentaire majeure. On risque d'arriver à une situation où même avec son propre argent, on ne trouvera pas suffisamment de produits alimentaires de première nécessité.»