Si le rôle d'atelier de l'Europe, pour des pays comme le Maroc ou la Tunisie est clairement établi, l'observation de la progression des volumes d'exportation vers l'UE par rapport à ceux de pays concurrents d'Europe de l'Est et d'Asie, n'est clairement pas à leur avantage. « Les pays du Maghreb ont bénéficié au cours des dernières années de l'expansion de l'économie mondiale et de leur localisation à la périphérie immédiate du marché européen, tirant parti, dans un contexte d'augmentation soutenue de la demande, de leur richesse en matières premières, et d'un avantageux différentiel de coût de main-d'œuvre pour attirer l'industrie manufacturière des pays développés » indique un rapport d'experts de l'union européens. L'importance de l'Europe pour l'économie pour le Maghreb, apparaît nettement lorsqu'on s'intéresse aux chiffres du commerce extérieur: les échanges commerciaux (exportations plus importations) avec l'Europe représentent aux alentours des deux tiers du total pour le Maroc (63%), l'Algérie (64%) et la Tunisie (72%). Dans le cas de l'Egypte, la proportion est mineure, mais demeure plus que significative (26%). L'analyse détaillée de ces relations commerciales laisse apparaître certaines différences quant à l'importance relative des différents partenaires européens, mais les trois principaux restent cependant l'Espagne, la France et l'Italie. La France est généralement très présente au Maghreb, alors que l'Espagne a un poids particulier au Maroc, et l'Italie se détache plus en Algérie, en Tunisie et en Egypte. Ce panorama général assez homogène cache des réalités bien différentes selon les pays étudiés. Par l'analyse de la composition du commerce extérieur de chaque pays, il est possible de mieux caractériser leur rôle économique dans l'économie mondiale et leur position dans la division internationale du travail. Le Maroc apparaît principalement comme un exportateur de produits manufacturés (le textile et le cuir représentant 34% des exportations ver l'UE27, les produits de l'industrie électrique et mécanique représentant 17%), ainsi que de produits agricoles (24%). Les minéraux et la chimie représentent également une part significative, bien que mineure, des exportations, notamment grâce à l'industrie des phosphates, principale richesse minière du pays. Le cas de la Tunisie est similaire à celui du Maroc, bien que la spécialisation dans la production manufacturière soit encore plus marquée : pour l'année 2008, les produits textiles et cuir ont représenté 36% des exportations vers les 27 pays membres de l'Union- européenne (l'UE27), suivies des manufactures électriques et mécaniques (25%), soit un total supérieur à 61% pour le secteur manufacturier dans son ensemble. Le troisième principal secteur exportateur est celui des hydrocarbures, atteignant 16% des exportations vers (l'UE27). La situation est radicalement différente pour l'Algérie- dont les exportations dépendent quasi exclusivement du secteur des hydrocarbures- lesquelles représentent 97% des exportations vers l'UE27. Les hydrocarbures représentent une manne financière colossale pour l'Algérie, en particulier lors des périodes de forte demande internationale, mais cette dépendance rend le pays extrêmement vulnérable en cas de retournement de conjecture, (qui s'accompagne généralement d'une baisse des prix comme des volumes exportés). L'Egypte présente dans ses relations avec l'Europe une situation intermédiaire, avec une grande dépendance vis-à-vis des hydrocarbures. (49% des exportations), accompagnés d'exportations significatives de produits manufacturés (textile et cuir 11%, électrique et mécanique 5%), auxquels s'ajoute une part importante d'industries de transformation (chimie 11%, sidérurgie et métallurgie 12%). En ce qui concerne les importations de produits de l'UE se détache très nettement, pour tous les pays, la part du matériel électrique et mécanique, principalement des biens d'équipement (équipement de transport, centrales électriques). « On distingue très nettement, dans le cas du Maroc et de la Tunisie, le cas des biens industriels intermédiaires, lesquels sont ensuite transformés sur place pour être réexportés. Les importations de produits textiles depuis l'Europe par exemple, représentent une part importante du total (11% pour le Maroc, et 21% pour la Tunisie), alors que dans le cas de l'Algérie et de l'Egypte, la part du textile dans les importations de produits de l'UE 27 est quasiment nulle » souligne les experts de l'UE. Dans le cas de l'Algérie et de l'Egypte, en plus des équipements, se détachent en particulier les produits de la métallurgie (principalement de l'acier) avec 18% des importations, les produits agro-alimentaires (15%), et la chimie (14%, en particulier des produits pharmaceutiques et des plastiques). Il est à noter que si le rôle d'atelier de l'Europe, pour des pays comme le Maroc ou la Tunisie est clairement établi, l'observation de la progression des volumes d'exportation vers l'UE par rapport à ceux de pays concurrents d'Europe de l'Est et d'Asie, n'est clairement pas à leur avantage. Au cours des dernières années, les pays du Maghreb ont perdu des parts de marché face à leurs concurrents, ce qui est la marque d'un manque de compétitivité, en particulier face à des pays comme la Chine, censés être pénalisés par leur éloignement géographique.