Le gouvernement a décidé de débloquer 600 millions de dollars pour le développement des petites et moyennes entreprises en Algérie. Du moins, c'est ce qu'a révélé le ministre de la PME, Mustapha Benbada, dans un entretien à l'agence koweitienne Kuna. Le dernier programme complémentaire pour la relance économique qui s'étale de 2009 à 2014 prévoit la création de 200.000 nouvelles PME. M.Benbada a indiqué que ces entreprises contribuent à hauteur de 75% du produit intérieur brut (PIB) hors-hydrocarbures. Le nombre de PME existant en Algérie à atteint 450.000 à fin novembre contre 110.000 en 2001. Cependant, de nombreux analystes estiment que la création de 200.000 entités de ce genre durant les cinq prochaines années est insuffisant pour rattraper le retard en la matière. Actuellement, l'Algérie compte près de 450.000 PME. De l'avis des analystes, ce nombre est dérisoire par rapport aux potentialités qui existent, surtout par rapport aux autres pays de la région. Ces derniers ont des conditions économiques comparables. Le Maroc compte 1,2 million de PME, soit trois fois plus que l'Algérie. Il est désormais indéniable que l'après-pétrole passe par le développement du secteur de la PME. Cependant, la création de PME en Algérie rencontre de nombreux écueils dont le plus important est celui lié au financement. Les entreprises de cette taille ont plus de difficultés à avoir accès à des crédits bancaires d'investissement que les grandes entreprises. L'Algérie a cumulé le plus mauvais score dans une étude sur le financement des PME dans les pays du bassin méditerranéen, réalisée par l'institut européen Anima Network Investment. Avec une note de 2,5 seulement, elle ne devance que la Syrie (1,7) qui, elle, souffre d'un embargo international imposée par les capitales occidentales et la Palestine (2,3) dont la situation est instable du fait de la conjoncture géopolitique qu'on lui connaît et dont le score est très proche de celui de l'Algérie qui jouit pourtant de bien meilleures conditions. Le Maroc et la Tunisie ont respectivement obtenu 4,3 et 3,8. Et même quand les projets arrivent à maturité, ils résistent difficilement. D'ailleurs, le taux de mortalité des PME est de 10% annuellement. Autant dire que le climat des affaires est loin d'être favorable aux PME en Algérie. Pour le Conseil national consultatif pour la promotion de la PME (CNCPME), les pouvoirs publics doivent faire preuve de courage politique en mettant en place une démarche volontariste à l'image de celle des Etats-Unis d'Amérique où une loi, Small Business Act, donne la part belle à la PME dans l'économie de ce pays et encourage les entrepreneurs porteurs de ce type d'investissements. En vertu de ce texte réglementaire, les PME sont favorisées dans les marchés publics dont le montant est inférieur à 100.000 dollars. De plus, les PME sont le moteur de la création d'emplois aux Etats-Unis. Le CNCPME estime que c'est la seule manière d'aider ces sociétés à avoir un carnet de commande garni leur permettant d'avoir une santé financière viable. Le CNPME plaide également pour le développement de la sous-traitance en Algérie dès lors que c'est la pépinière et l'activité phare des PME. La situation est particulièrement dramatique pour les PME publiques. Une quarantaine d'entre elles, ont mis la clé sous le paillasson durant le premier semestre de 2009, selon des statistiques du ministère de tutelle. La population de PME du secteur publiques compte désormais 598 entités contre 637 en 2008. Des chiffres fournis par le Forum des chefs d'entreprises illustrent la déliquescence du tissu des PME Publiques. Ces entreprises auraient licencié, pas moins de 20.000 employés entre 2006 et 2007. Leurs effectifs sont passés de 70.241 personnes durant le premier semestre 2006 à 59.925 salariés durant les six premiers mois de 2007. Cette chute du nombre d'employés du secteur public s'est poursuivie ces trois dernières années pour atteindre 51.149 salariés durant le premier semestre de l'année en cours. L'initiative privée est désormais le principal tremplin pour la création de PME en Algérie. À la fin du 1er semestre 2009, le nombre de PME privées déclarées s'élève à 335.486 sociétés. Rien que pour cette période, plus de 17.000 nouvelles PME privées ont vu le jour. Il faut convenir aussi que le climat des affaires en Algérie semble être médiocre. Y compris pour cette catégorie d'entreprises. Environ 7.000 entreprises sont à l'arrêt dont 4.698 ont été définitivement radiées au niveau des administrations publiques (CNRC, CNAS …etc.). De l'avis de nombreux observateurs, le développement des PME en Algérie est entravé par l'économie parallèle. La forte pression fiscale et l'absence d'instruments de financement adaptés pousseraient de nombreuses entreprises de petite et moyenne taille -à évoluer- dans la sphère informelle.