Dr Abderrahmane Mebtoul / Expert International – Economiste 2ème partie et fin Le président de la République n'a pas besoin de rapports complaisants, mais de rapports objectifs qui évitent tant le dénigrement gratuit que l'autosatisfaction, source de névrose collective. Aussi, un bilan sans complaisance s'impose afin de corriger les effets pervers de la politique socio-économique. Sommes-nous sur la bonne voie ? Telle est la question qui aurait mérité d'un débat contradictoire utile, loin de toute passion, car engageant l'avenir du pays. Donc, la sécurité nationale au niveau du Conseil économique et social et non des répétitions des rapports du gouvernement. 4.-nous aurons ainsi 4 impacts de l'inefficacité de la dépense publique niveau macro-économique : -a- Sur le volume des importations, car le gonflement est dû essentiellement à la dépense publique et ses surcoûts. Ce qui explique qu'après des mesures d'ordre commercial (30%70% pour le commerce nationaux/étrangers avec une période de cacophonie sur la notion de rétroactivité, 51/49% pour l'industrie/services du passage du REMDOC au CREDOC, la suppression du crédit à la consommation, le ministre du Commerce, reconnaissant récemment, mais avec retard, que ce passage sans transition pénalise bon nombre de PMI/PME qui n'ont pas assez de trésorerie qui risquent d'aller vers la sphère informelle. Car, hélas, les dernières statistiques douanières (les 10 mois de 2009) ne donnent qu'un ralentissement de 3% de la valeur des importations (soit 1,2 milliard de dollars), nous orientant vers 38/39 milliards de dollars contre 40 milliards en 2008, somme dérisoire alors que nous avons assisté à une déflation des prix au niveau mondial (- baisse des prix, donc inflation importée presque nulle) et à une récolte intérieure exceptionnelle (pluviométrie). Qu'en sera-t-il s'il y a retour de l'inflation au niveau mondial entre 2010/2014 ? Donc, ces mesures ont eu une portée limitée ne s'étant pas attaqué à l'origine de la hausse des importations qui est l'inefficacité de la dépense publique. -b- sur le processus inflationniste, l'inefficacité de la dépense publique étant à l'origine essentielle de l'inflation et accessoirement les salaires qui représentent moins de 18% rapportés au produit intérieur brut en 2008/2009 au profit des rentes et des indépendants contre une moyenne de plus de 50% dans les pays développés et émergents, donc sur le pouvoir d'achat de la majorité. L'ONS a évalué le taux d'inflation à 1,6% en 2006, 2,5% en 2007, 4% en 2008, allant vers 6% en 2009, posant d'ailleurs le problème du taux d'intérêt bancaire qui devrait être supérieur de 2 à 3 points par rapport au taux d'inflation, et surtout la méthode de calcul de l'indice des prix par l'organisme officiel de la statistique ONS. Cela comme je l'ai souligné récemment dans mon interview à la télévision internationale Al Djazzera, le 23 décembre 2009, cela revient surtout à poser clairement les problèmes de l'impact de l'inflation comme vecteur de concentration du revenu national au profit d'une minorité de couches rentières, la majorité des ménages consacrent entre 2008/2009 plus de 80% de leurs revenus pour les produits de première nécessité (dont l'indice des prix officiels pour 2009 l'évalue entre 15/20% de hausse, seul taux significatif pour ces ménages ), et donc sur leur pouvoir d'achat. c- sur la balance des paiements du fait que le doublement de la valeur des services entre 2006/2008 (11 milliards de dollars en 2008) concerne essentiellement le poste infrastructures. Le montant sera identique, sinon supérieur en 2010 avec ce paradoxe fuite des cerveaux et appel à l'assistance étrangère ; l'appel à l'émigration étant un mythe si l'on continue à privilégier les rentiers gravitant autour des sphères du pouvoir. d- sur le faible taux de croissance ; les exportations hors-hydrocarbures, indicateur de l'efficacité économique n'ont jamais dépassé 1,5 milliard de dollars avec une chute inquiétante de 40% en 2009, selon les dernières statistiques douanières, moins de 1 milliard de dollars, 50% étant représentés par des déchets ferreux et semi- ferreux. Qu'en sera-t-il des effets de l'Accord de libre-échange avec l'Europe, applicable depuis le 01 septembre 2005, devant aller vers un dégrèvement tarifaire zéro, horizon 2014. En résumé, il est souhaitable pour les pouvoirs publics que les missions du Conseil Economique et Social ainsi que sa composante soit revues selon un processus démocratique, car les louanges pour des louanges sans analyses constructives et opérationnelles sont contreproductives pour le gouvernement lui même. Car ce rapport apporte peu de valeur ajoutée malgré que cette institution est budgétivore, peu de propositions ou de nouveautés, des reproductions sans analyse critique des chiffres déjà diffusés par les officiels et des analyses en deçà souvent avec plus d'objectivité des experts de différentes sensibilités et de la presse algérienne depuis plusieurs mois.