Photo: Makine F. Le directeur général de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur, Mohamed Bennini, n'a pas manqué de mettre en valeur les nouveaux mécanismes mis en place par les pouvoirs publics en vue de réduire le volume des importations mais aussi des coûts induits par l'afflux massif des produits étrangers. L'Etat vise, dit-il, l'indépendance et la sécurité alimentaire tout en s'insérant dans les circuits du commerce international au travers des accords avec l'Union européenne, l'OMC, la zone arabe de libre échange. M. Bennini a également mis en évidence le fait que le volume des exportations est resté relativement stable durant ces dernières années. A l'orée de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), nos entreprises sont-elles prêtes à l'exportation sachant que pas plus de 3 % seulement d'entre elles sont exportatrices ? Tout le monde est prêt pour les exportations hors hydrocarbures que ce soit le transport, les banques ou les administrations. Les questions qui se posent sont : la culture de l'exportation existe-t-elle dans notre pays ? L'entreprise gagne-t-elle plus en exportant que lorsqu'elle commercialise sur le marché local ? Généralement, si une entreprise exporte, c'est pour gagner de l'argent. Mais si l'exportation est une opération difficile dans les autres pays, elle l'est encore plus chez nous. C'est-à-dire que les entreprises qui essaient d'exporter ne gagnent pas forcément plus d'argent. Elles préfèrent s'orienter alors vers la distribution locale, parfois des produits importés ou bien carrément vers l'importation. L'autre question qui se pose, c'est de savoir si nos entreprises sont mises à niveau du point de vue des normes internationales de la qualité, de l'emballage et de la connaissance du marché extérieur. C'est une question qui nous concerne en tant qu'institution d'appui. Sommes-nous à niveau et apportons-nous l'information requise pour aborder le marché extérieur ? Est-ce que nous accompagnons réellement et suffisamment les entreprises qui souhaitent exporter comme le font les autres pays ? Justement pensez-vous que les entreprises algériennes soient compétitives pour concurrencer les produits de l'Union européenne dans le cadre de l'accord d'association ? C'est à voir. Nous avons déjà énormément de produits. En outre, le taux de change actuel est censé encourager l'exportation. Mais, il y a beaucoup d'autres considérations qui entrent en jeu comme la production locale. Néanmoins celle-ci est mise à mal par les produits d'origine inconnue de bas de gamme et les produits de contrefaçon. Par rapport à l'Europe, il n'y a pas eu véritablement un impact de l'accord d'association à ce jour, y compris pour les matières premières et les intrants qui eux ont fait l'objet d'un démantèlement tarifaire assez important. Ce démantèlement n'a pas touché les produits finis et il ne les touche qu'à partir de 2014-2015. Pour l'instant, nous sommes censés profiter des performances des équipements importés d'Europe et qui sont moins taxés, malheureusement la valeur de l'euro est à un niveau tel que cela n'a pas apporté un plus à l'économie nationale. Vous avez dit qu'un dinar faible encourage l'exportation, comment alors expliquez-vous la décroissance des exportations hors hydrocarbures durant le premier semestre 2009 ? Globalement, on peut dire que la structure des exportations hors hydrocarbures comme le volume est restée assez constante sur 15 à 20 ans, y compris l'année 2008 où on a vu un pic de 2 milliards de dollars de recettes. Ce qui s'explique en réalité par une augmentation des performances et même des volumes. Globalement, ce sont les mêmes produits qui s'exportent, c'est-à-dire les produits issus du raffinage des hydrocarbures, des demi produits, les minerais, des produits bruts et des déchets ferreux et non ferreux et très peu de produits manufacturés. Il y a quelques investissements, deux ou trois, qui ont des capacités d'exporter comme le ciment. Autrement dit, c'est la même structure. Et si en 2008, nous avons constaté une augmentation c'est dû beaucoup plus au glissement des monnaies parce que nous exportons vers la zone euro à hauteur de 70 % de nos exportations d'hydrocarbures. Et ces chiffres-là sont comptabilisés en dollars. Et donc, ils gonflent en volume pour atteindre 1,950 milliard de dollars en 2008. Le début de l'année 2009 a vu une inversion des taux de ces deux monnaies. Et puis il y a eu une suspension de certains produits à l'exportation, notamment pour les métaux non ferreux. La hausse des importations ces derniers temps ne risque-t-elle pas de porter préjudice à l'économie nationale ? Les importations qui augmentent de manière continue sont une explication positive. Elles sont une preuve de notre croissance économique. Et puis il faut savoir qu'en 2007 nous avons connu une flambée des cours des matières premières alimentaires importées par l'Algérie, comme le lait et les céréales. Cela est une donnée objective. Mais il y a des substitutions à l'importation qu'il faut faire avec l'apport de la politique agricole. Mais, certaines augmentations ne s'expliquent pas logiquement. Des produits de consommation finale qui augmentent de plus en plus, notamment les véhicules de tourisme, la téléphonie et d'autres produits. Avec une production nationale record de céréales en 2009 de 60 millions de quintaux, peut-on réduire les importations de blé par exemple ? Cela va permettre désormais, non seulement de réduire le volume de nos importations de céréales, mais également de diminuer les subventions accordées sur le budget de l'Etat à ce produit. Donc, cela améliore la sécurité alimentaire du pays. Je pense que nous sommes en train de réduire considérablement la dépendance alimentaire du pays avec ces performances. Les pouvoirs publics sont donc en train de subventionner les exportations et les importations… Pas les exportations, il y a un certain nombre d'aides qui sont apportées en amont dans la mise à niveau des produits à l'exportation, en termes règlementaires. Le fonds spécial de soutien aux exportations a prévu un certain nombre de soutiens et de mise à niveau des produits à l'exportation. Aujourd'hui, toutes ces aides ne sont pas opérationnelles. Elles devaient l'être dans les prochains mois, avant la fin de l'année normalement. Des textes d'application attendent d'être signés. Qu'en est-il des 44 entreprises sélectionnées par le programme d'Optimexport ? Concrètement, il y a quelque chose et la vocation d'Algex depuis sa création en 2004 est d'accompagner l'exportateur comme le faisait également Promex auparavant. Ce sont des choses qui se font progressivement et qui s'améliorent. Nous avons des sites web sur lesquels on trouve un certain nombre d'informations. Nous avons des supports d'information comme le guide d'accès au marché de l'Union européenne et le guide d'accès au marché nord-américain dans le cadre du système généralisé des préférences et dans le cadre de l'accord avec l'Algérie. Nous avons également le guide d'accès pour le marché de l'Ouest africain et nous avons élaboré rapidement le guide d'accès pour le marché des pays arabes, dans le cadre de l'accord de zone arabe de libre échange. Il y a un certain nombre de documents comme le guide de l'exportateur, le fonds spécial de promotion des exportations et un certain nombre d'informations et de fiches sur l'accès aux pays et sur la plupart des règlementations des pays ciblés par le produit algérien. Ce n'est peut-être pas suffisant. Il y a un peu plus d'accompagnements à accorder aux entreprises lorsqu'elles se déplacent à l'étranger, notamment dans les foires d'exposition et dans l'élaboration des études de marché par produit ou par pays. Dans ce cadre, le programme d'Optimexport est venu nous appuyer davantage en vertu du programme de coopération algéro-français pour l'accompagnement d'une quarantaine de PME sélectionnée parmi 120. Ces PME réunissent le maximum de capacités et d'aptitudes pour exporter. Elles bénéficient d'un accompagnement plus pointu en termes d'information, de formation sur le métier export et d'accompagnement sur les places à l'étranger.