Le nombre des prisonniers politiques et d'opinion au Maroc, dont une jeune de 14 ans, est en «augmentation» et les libertés individuelles sont «de plus en plus menacées», indique samedi un bilan annuel de l'Association de défense des droits de l'Homme au Maroc (ASDHOM) activant en France. L'ASDHOM affirme, dans un point «spécial» de sa campagne de parrainage des détenus politiques au Maroc, lancée il y a une année depuis Paris, avoir recensé «255 politiques dont 194 purgent une peine d'emprisonnement et 61 attendent d'être jugés, soit en prison, soit en liberté provisoire». Tout en rappelant avoir démarré son action citoyenne avec 172 prisonniers à parrainer, elle révèle qu'il a y eu «en une année, 172 nouvelles arrestations et poursuites judiciaires dont quatre à l'encontre de femmes parmi lesquelles une étudiante à Fès et une jeune (Raja) de 14 ans à Nador». «Cela est énorme, en un an», a commenté le président de l'ASDHOM, Ayad Ahram, qui signale que parmi l'ensemble de ces détenus, figurent huit femmes, 247 hommes, des jeunes, un militant sahraoui (Laâouissi) de 62 ans, des étudiants, des diplômés chômeurs, des militants du mouvement du 20 février et des militants de partis politiques et d'associations. Figurent parmi ces détenus, aussi, des syndicalistes, des militants des droits de l'Homme, des journalistes, un avocat ou tout bonnement des citoyens ayant participé à des mouvements de protestation populaires comme à Marrakech en décembre 2012. Selon l'ASDHOM, ils ont tous pratiquement été condamnés ou poursuivis pour les chefs d'inculpation de «rassemblement armé non autorisé, violence et destruction de biens publics, agression sur agents de l'Etat pendant l'exercice de leurs fonctions, trafic de drogue, incitation au terrorisme et pour le cas d'Abdessamad Haidour à Taza, manque de respect envers la personne du Roi qui relève du sacré». «Leurs procès ont été entachés d'irrégularités selon les témoignages qu'on a reçus. cela va des enlèvements qui durent quelques jours avant le procès avec passage sous la torture au centre clandestin de Temara, jusqu'à la signature d'aveux sous la contrainte, lesquels aveux sont les seules + preuves + utilisées pendant le procès (cas du groupe Gdeim Izik), en passant par les violations des droits de la défense», a affirmé l'Association, dans son bilan communiqué à l'APS. Elle note que «seuls 60 prisonniers politiques recensés ont été parrainés cette année», s'interrogeant s'ils ont tous reçu des lettres de leurs parrains ou marraines. «Pas si sûr quand on sait que les lettres sont interceptées par les directions des prisons et ne sont généralement pas remises à leurs destinataires», a-t-elle répondu, signalant que les autorités marocaines et le CNDH (Conseil marocain des droits de l'Homme) été interpellés «une dizaine de fois». Selon M. Ahram, la tâche de parrainage des détenus politiques ne «sera pas des plus faciles», car, a-t-il prévenu, «les autorités marocaines vont tout faire, maintenant que le Maroc est devenu depuis peu membre du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à Genève, pour tromper l'opinion internationale en lui vendant son discours habituel sur le respect des droits de l'Homme». Une campagne de parrainage des détenus politiques et syndicaux au Maroc, menée essentiellement par le journaliste-écrivain Gilles Perrault, a été lancée le 17 novembre 2012 à Paris, à l'initiative de l'ASDHOM dont l'objectif, précisait-elle, est d'attirer l'attention sur la situation «catastrophique» des détenus politiques et syndicaux «injustement incarcérés au Maroc». Dans un rapport officiel publié en octobre 2012, le Conseil marocain des droits de l'Homme concédait que les détenus subissent des «traitements cruels, inhumains ou dégradants» dans la plupart des prisons du Royaume marocain.