Bien qu'il ait subi les effets du ralentissement économique qui a touché l'Europe – son plus important marché- le Maroc garde le cap sur ses objectifs, dans le cadre de la Vision 2020, d'attirer jusqu'à 20 millions de touristes par an, de porter la capacité d'hébergement totale à 375 000 lits, de créer 17 000 nouveaux emplois et de générer plus de 17 milliards de dollars de recettes annuelles d'ici 2020. Les récents résultats sont prometteurs : le nombre de visiteurs enregistrés au cours des huit premiers mois de 2013 affiche une hausse de 6,76% en glissement annuel pour atteindre un chiffre proche de 7 millions et le pays entend bien tirer profit des prévisions mondiales qui tablent sur une hausse de 4% de la demande touristique internationale en 2014. Attirer plus de touristes Afin de faire face au recul de la demande dans son marché le plus important au nord du pays, le Maroc s'est attelé à diversifier ses relations avec d'autres pays où il est moins bien établi dans des régions telles que l'Amérique Latine, l'Europe de l'Est, le Golfe et l'Asie. L'Office National Marocain du Tourisme (ONMT) prévoit d'ouvrir un bureau au Brésil, espérant ainsi attirer 30 000 visiteurs annuels en provenance du pays sud-américain à partir de 2014, mais aussi mettre à profit sa présence là-bas et faire du Brésil une base à partir de laquelle il pourra démarcher le reste de l'Amérique Latine. Les liaisons aériennes entre les deux pays seront renforcées, un processus qui a déjà commencé, avec le premier vol charter reliant São Paulo et Casablanca effectué le premier novembre, dans le cadre d'un accord signé entre l'ONMT et plusieurs tours opérateurs brésiliens – dont, entre autres, Schultz, Flot, Raidho et Flytour. La compagnie aérienne nationale, Royal Air Maroc, prévoit le lancement de trois vols réguliers hebdomadaires à partir de début décembre. L'ONMT cherche également à attirer des touristes en provenance de marchés non traditionnels en Europe. Le nombre de visiteurs de République Tchèque, de Pologne et de Hongrie, pour ne citer qu'eux, affiche des hausses respectives de 88%, 9% et 7% en glissement annuel, sur les huit premiers mois de l'année 2013. Grâce à un récent accord conclu avec le voyagiste polonais Itaka dans le but de développer les vols charters, le nombre de touristes visitant la région de Souss devrait atteindre 129 000 d'ici 2016. La région du Golfe constitue une autre source potentielle de visiteurs, que le gouvernement espère voir gagner en importance. Jusqu'à présent, l'Arabie Saoudite représente le plus grand marché de la région MENA, avec plus de 70 000 arrivées en 2012. Si la crise économique en Europe a souligné l'importance de se créer une base de visiteurs plus diversifiée, le Maroc est néanmoins toujours déterminé à attirer un plus grand nombre de visiteurs en provenance des marchés traditionnels européens, qui fournissent encore plus de 80% des touristes. Le royaume vise à multiplier par deux les visiteurs britanniques, actuellement au nombre de 500 000, d'ici 2016, en s'attachant en priorité à renforcer les liaisons aériennes entre les deux pays. Au World Travel Market qui s'est tenu à Londres début novembre, l'ONMT a signé un accord de partenariat avec le tour opérateur britannique Thomas Cook concernant le lancement de vols à destination d'Agadir, qui viennent s'ajouter aux liaisons déjà établies vers Marrakech, Fès, Essaouira et Mazagan. Accroître la capacité Pour répondre à la hausse prévue des arrivées, de nombreux projets de développement des infrastructures hôtelières sont en cours. Parmi les initiatives sur le long terme inscrites dans la stratégie Vision 2020, on peut citer le Plan Azur, un programme gouvernemental qui comprend le développement de six stations balnéaires et devrait permettre de stimuler le tourisme « soleil-plage », et dont les paramètres ont été ajustés suite à la crise financière mondiale. Pour ce qui est d'un avenir plus proche, le Ministère du Tourisme table sur un investissement total de 20 milliards de dirhams (1,7 milliard d'euros) en 2014 et se fixe comme objectif une capacité de 18 000 lits supplémentaires l'an prochain. C'est la Société Marocaine d'Ingénierie Touristique (SMIT) qui, par le passé, était chargée d'attirer les investissements dans de nouveaux projets touristiques. Toutefois, dans le cadre de la Vision 2020, on assiste à une décentralisation de développement du secteur en faveur des collectivités régionales qui voient leur participation accrue en matière de choix des politiques touristiques, de gestion et de conception de l'offre touristique. Des agences de développement touristique spécialisées seront à la tête de chacune des huit régions délimitées par la Vision 2020 et seront mises sur pied au fur et à mesure d'ici 2018, absorbant les délégations actuelles et les conseils régionaux du tourisme. La mise en place de cette stratégie devrait permettre de stimuler la concurrence d'une région à l'autre et d'améliorer les infrastructures immatérielles qui faciliteront les nouveaux investissements, tout en garantissant que les projets reflètent les avantages concurrentiels locaux. Jusqu'à présent, 10 des 16 régions administratives (distinctes des régions définies par la Vision 2020) ont signé des Contrats Programme Régional (CPR) – un accord conclu entre le Ministère du Tourisme et les collectivités locales qui détermine les priorités en matière de développement touristique. Le premier du genre a été conclu avec la région de Chouia Ouardigha en avril 2013 et 92 projets y ont été identifiés, nécessitant un investissement total à hauteur de 8,9 milliards de dirhams (772,7 millions d'euros). Le dernier CPR en date a été signé en octobre 2013 et concerne la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz où 102 projets devraient être lancés. Plus de 90% de l'investissement nécessaire, estimé à 20,3 milliards de dirhams (1,8 milliard d'euros) proviendra du secteur privé. Environ 36 000 lits supplémentaires devraient être créés d'ici 2020, ce qui portera la capacité totale de la région à 96 000 lits.