La nappe phréatique de la wilaya de Mascara s'est reconstituée, après trois décennies de baisse de son niveau, du fait de la sècheresse, indiquent des indices de l'Agence nationale de ressources en eau et la direction locale chargée du secteur. La reconstitution s'est faite à la faveur des précipitations appréciables et régulières enregistrées dans la région ces dernières années et des mesures prises par les services concernés pour rationaliser la consommation de l'eau et des projets réalisés pour mobiliser et diversifier davantage les sources d'eau. Toutes ces mesures ont permis une stabilité du niveau de la nappe phréatique comme le montrent des puits pris comme indicateurs par l'Agence nationale de ressources hydriques et la direction de l'hydraulique, indique-t-on. Un responsable de la direction des ressources en eau, Habib Mekkaoui, a indiqué qu'un forage réalisé dans la commune d'El Metmour a montré une montée du niveau d'eau de 13 mètres par rapport à son précédent niveau. Cette montée du niveau a été de l'ordre de 5 à 6 mètres pour des forages réalisés à Tizi. La sècheresse et le manque de pluviométrie ont causé une baisse du volume d'eau de la nappe phréatique, passant de 73 millions de m3 dans les années 60 à 30 millions de m3 la décennie précédente. Il a souligné que les réserves de la nappe phréatique, notamment celle du bassin de Ghriss ont été renforcées d'une année à l'autre par les pluies. Dans les années 60, la consommation d'eau à des fins domestiques, agricoles et industrielles dans la wilaya ne dépassait pas à l'époque les 50 millions de m3 par an. Le surplus alimentait les réserves de la nappe phréatique. Toutefois, depuis la fin des années 70, on assistait à une diminution de la nappe phréatique du fait de la sécheresse et de la rareté des précipitations au même moment où la consommation montait en flèche. La nappe phréatique a été surexploitée pour répondre à la demande. Lutte contre le pompage illicite de l'eau des oueds Pour faire face à une situation alarmante, les autorités locales ont pris des mesures strictes pour rationaliser la consommation de l'eau en interdisant le fonçage de puits au niveau du bassin de la plaine de Ghriss et dans d'autres régions. Des opérations de contrôle se sont multipliées pour relever les cas de fonçage illicite de puits et la pénalisation des auteurs. Les pouvoirs publics ont également encouragé les fellahs à recourir à des techniques d'irrigation moins consommatrices d'eau et de renoncer à certaines cultures de fruits et légumes qui exigent de grandes quantités d'eau. Selon le coordinateur de la police de l'eau de la wilaya, Kada Zeguir, une véritable guerre a été menée, en coordination avec la Gendarmerie, contre les personnes procédant à des fonçages illicites de puits ou au pompage illicite de l'eau des oueds et autres plans d'eau surtout en été. De dizaines de procès-verbaux ont été dressés contre des contrevenants. Des dossiers ont été transférés et traités par la justice. Les efforts de préservation des ressources en eau et la rationalisation de leur exploitation ont porté également sur la réalisation de plusieurs projets pour lutter contre les fuites d'eau enregistrées le long des réseaux d'AEP. Dans les années 90, les pertes ont représenté un taux de 45 pour cent du volume distribué. Le chef du service de l'eau potable à la direction des ressources en eau, Omar Guezlaoui, a précisé que ces projets ont permis de réparer des pannes et de renouveler des canalisations du réseau de distribution. Dans la commune de Mascara, 120 km de canalisation ont été rénovés, ce qui a permis de réduire les pertes d'eau et d'augmenter la quantité destinée aux citoyens. D'autre part, la région a enregistré, ces trois dernières années, d'importantes précipitations, dépassant parfois les 500 mm/an, ce qui a favorisé la stabilité du niveau de la nappe phréatique. La wilaya dépend en matière d'eau des zones des nappes phréatiques dont le bassin de Ghriss qui s'étend sur une superficie de 1185 km2, la région d'El Ghomri, partagée avec la wilaya de Mostaganem et la région d'El Menaouar, commune avec la wilaya de Relizane. A celles-ci s'ajoutent les zones d'Ain Mansour, dans la commune de Hachem et Oggaze au nord de la wilaya. Préserver cette précieuse ressource Afin de réduire le recours aux eaux souterraines et diversifier ses sources d'approvisionnement, la wilaya de Mascara a bénéficié de nombreux projets. Parmi ces projets, figure l'alimentation de 26 communes de la wilaya en eau dessalée de mer dont 11 situées au nord et au centre de la wilaya. Des travaux de pose de canalisation pour leur raccordement à partir de la méga station de dessalement d'El Mactâa (Oran) via le couloir MAO (Mostaganem-Arzew-Oran). Quinze autres communes de l'est de la wilaya seront bientôt raccordées à la station de dessalement de la wilaya de Mostaganem. Ces deux projets permettront d'orienter les eaux des puits et des plans d'eau à l'irrigation agricole, selon la direction des ressources en eau, qui signale, dans ce cadre, le renouvellement du réseau d'irrigation de la plaine de Sig, en plus de la rénovation du réseau du périmètre irrigué de la plaine d'El Habra, dans la région de Mohammadia. Il est prévu également le lancement prochain de deux projets touchant les périmètres irrigués de la plaine de Ghriss et celle de Bas-Kachout, à Oued El Abtal. D'autre part, en vue de renforcer les réserves d'eaux souterraines, deux bureaux d'étude locaux ont lancé, dernièrement, des études préliminaires d'un projet, le premier du genre au niveau national, visant l'alimentation de la nappe phréatique par les eaux des oueds et de pluies. «Le but étant la réalisation de bassins collecteurs d'eau pour permettre à ce précieux liquide de s'infiltrer au sous-sol sans se diriger vers la mer», a-t-on expliqué. Incontestablement, la reconstitution de la nappe phréatique a eu un impact positif sur le secteur agricole. Les services de la wilaya ont révisé leur décision d'interdire le fonçage de puits et la réorganisation de cette opération. Certains fellahs ont été autorisés à foncer des puits selon la superficie exploitée. Cette mesure a été favorablement accueillie par des agriculteurs dont leur activité a régressé ces dernières années dans la région. La disponibilité de l'eau, source de la vie, a redynamisé la vie socioéconomique de la région, appelée à défendre une renommée de pôle agricole incontestable.