Le prix de la sardine continue d'alimenter les débats. Il se maintient à des niveaux dépassant l'entendement, pour un produit destiné aux modestes bourses. Spéculations, mauvaise organisation du secteur, tarissement des zones de pêche, les accusés sont nombreux. Une décennie après le lancement des réformes en faveur du secteur de la pêche, la situation est toujours dans un état alarmant. L'activité est prise en otage par l'informel et l'anarchie. Le président du Comité des marins-pêcheurs, M. Hocine Bellot, a lancé la semaine dernière un coup de gueule, pointant du doigt les spéculateurs qui seraient derrière cette cherté du produit. Selon lui, le marché de la sardine est contrôlé par un groupe de spéculateurs qui impose sa loi sur son prix. Affiché à plus de 450 dinars le kilo, le prix du poisson bleu n'a pas connu de baisse depuis quelques mois, non pas pour les raisons de l'offre et de la demande du marché, mais à cause «d'une minorité de marchands qui contrôlent toutes les transactions commerciales du marché du poisson», estime M. Hocine Bellot. «Ces mafias du poisson, qui ne disposent ni de registre de commerce ni de carnet de navigation, activent dans 31 ports de pêche, où ils accèdent avec leurs gros camions sans aucune difficulté, en raflant toutes les ventes des pêcheurs pour prendre, par la suite, le monopole des prix» a-t-il expliqué. Le responsable a fait savoir que le Comité des marins-pêcheurs a adressé au ministère du Commerce, plusieurs plaintes à ce sujet, accompagnées même d'une liste des noms des pêcheurs-marins qui adhèrent à cette activité déloyale, «mais jusqu'à présent le ministère n'a pas réagi», a-t-il indiqué. Bellot a précisé que le manque de contrôles au niveau des accès aux ports de pêche, a laissé place aux intrus qui, par la complicité de certains marins, ont réussi à maîtriser le marché du poisson et prendre le monopole des prix. Il a ajouté que «si le marché de la pêche était mieux maîtrisé, le prix de la sardine ne dépasserait pas les 200 dinars le kilo, voire même les 80 dinars durant le mois du ramadhan». Par ailleurs, le président du Comité des marins-pêcheurs a déploré le fait que le décret exécutif du 18 avril 2004, interdisant la pêche de la sardine de moins de 11 centimètres, «ne soit pas respecté et aucun contrôle ni sanction ne soient appliqués sur le terrain, alors que des sardines de six centimètres sont étalées tous les jours sur nos marchés», a-t-il martelé. La réponse du gouvernement Des experts imputent également cette hausse des prix au manque de moyens dont disposent les marins-pêcheurs. La réponse du gouvernement est venue jeudi par la voix de Sid Ahmed Ferroukhi, ministre de la Pêche et des Ressources Halieutiques, qui laisse entendre que les pouvoirs publics veulent assainir cette situation durant les 5 prochaines années. Selon le ministre qui assistait à aux opérations de débarquement des bateaux de pêche et de vente dans la halle à marée du port de pêche d'Alger, «30 poissonneries sont prévues dans les cinq prochaines années le long du littoral afin d'organiser le circuit de commercialisation des produits de la pêche», soulignant que le plan quinquennal 2015/2019 vise, entre autres, le doublement de la production par le recours à l'aquaculture, maritime et continentale. Pour répondre un tant soit peu à la demande grandissante sur la sardine, et le poisson en général, et remédier à cette situation d'anarchie, les pouvoirs publics comptent réaliser d'autres ports de pêche, accroitre les poissonneries et réhabiliter les infrastructures existantes. C'est dans cette optique que des travaux ont été engagés pour réhabiliter la halle à marée du port de pêche d'Alger. Les travaux devront être achevés dans quelques semaines, dira le ministre en présence du wali d'Alger, Abdelkader Zoukh. «On a des réalisations qui se mettent en place grâce au plan de réhabilitation», a-t-il souligné. La réhabilitation de l'ensemble du port de pêche est prévue pour 2018, selon la fiche technique du projet, mais l'achèvement des travaux avant cette date n'est pas écarté.