Tout semble indiquer que le secteur de la pêche continue à naviguer à vue dans les eaux des plus troubles. Censé être un créneau porteur et susceptible de contribuer à absorber le chômage et à répondre aux besoins de la consommation locale, le secteur de la pêche ne fait plus vivre. Et pourtant beaucoup d'intervenants et de spéculateurs s'y sont enrichis. Les pouvoirs publics s'évertuent à trouver des parades pour tenter de renflouer cette embarcation " pêche " qui prend de l'eau. Ils le font à coups de milliards, mais en vain. On a beau injecter des sommes faramineuses, des plans et autres infrastructures telles que les fermes pilotes d'élevage de crevettes ou des halles maritimes alors que notre pays jouit d'une façade maritime de 1284 km, s'offrant à 14 wilayas côtières, à 31 ports de pêche, d'une main d'œuvre composée de 52000 marins pêcheurs, de 4 500 bateaux, de prés de douze millions d'hectares de superficie maritime et d'une biomasse estimée à plus de 600.000 tonnes. La flottille continue à vieillir en dépit de tous les investissements consentis. Le secteur de la pêche vient de bénéficier d'un programme de soutien de l'Etat d'un montant de 26 mds de dinars soit quelque 251,2 millions d'euros. Mais en l'absence d'une politique de la pêche, cela suffira-t il? Cela doit surtout se refléter concrètement. Ce qui n'est pas le cas. D'aucun vous diront que le prix de la sardin s'affole jour après jour, que le poisson blanc relève du luxe et qu'à défaut de caviar l'Algérien a le sien, Dame crevette, hautaine et inaccessible narguant les citoyens. Les prix affiché valsent entre 300 dinars le poisson bleu, 700 à 800 dinars pour le blanc et un peu plus de 1400 dinars la crevette. Les causes sont multiples et peu " orthodoxes ". La spéculation et le monopole en sont peut-être les principales causes. La production a atteint, cette année, les 187.000 tonnes de poisson contre 230.000 tonnes l'année passée. Cette régression est due particulièrement à la faiblesse de la flottille, vétuste, à la pollution des cotes en l'absence de stations d'épuration, à la pêche à la dynamite, à l'extraction abusive de sable et de corail mais surtout au non-respect du repos biologique, notamment la pêche à terre. Cela a fini par encourager la migration du poisson vers d'autres eaux. Déjà, les enjeux commencent au port ou très tôt le matin, sur les quais une foule dense se bouscule. Un marché soumis à l'offre et à la demande où tout se fait à la criée en l'absence d'une mercuriale pour réguler les prix du poisson. Le casier de 18 à 27 kg de sardine peut couter entre 260 Da et 700 dinars, celui du poisson blanc, peut atteindre les 20.000 dinars. Mais, qu'il soit bleu ou blanc, le poisson reste un produit de luxe qui n'est plus à la portée des petites bourses. Ces mêmes petites bourses, nombreuses de plus en plus qui ont en fait de ce produit leur plat. Selon le président du comité nationale des marin pêcheurs, et membre du conseil national M. Hocine Bellout, ce problème a été soulevé, tout comme la question des extractions de sable ou de corail ainsi que le chalutage en première zone servant de refuge au poisson durant sa période de ponte, mais resté lettre morte. C'est la rentrée des sardiniers au port, le ventre plein de casiers de sardines fraichement péchée. Ce n'est pas de simples badauds attirés par la vente aux enchères du poisson. Ce sont surtout des acheteurs, des spéculateurs pour la plupart d'entre eux desquels dépends désormais le marché. Un marché duquel le petit poissonnier est exclu. Il reçoit le produit en cinquième, voire sixième main. Il arrive à ces poissonniers, paradoxe typique à ce monde, d'aller chercher leur poisson de Constantine, Batna, Chelghoum Laid ou Sétif ou se trouvent les plus grandes concentrations de stocks de poissons congelés. Ces barons du poisson achètent tout en gros. Ce sont des ventes fermes à l'année, payées rubis sur l'ongle. Cela enchante le mareyeur qui ne se fera plus de soucis quant à vendre sa récolte qui fluctue selon les saisons. Le prix du kilo de sardine varie l'été et l'hiver. Il peut atteindre même les 300 à 400 dinars. La spéculation bat son plein sur le marché du poisson. Ils sont de partout, de Constantine, de Sétif, de Batna, Mostaganem, Oran, Alger ou d'ailleurs. Le plus curieux est le fait qu'ils soient tous originaires des villes de l'intérieur mais ayant réussi à instaurer leur mainmise sur le secteur qu'ils ont monopolisé. Leur force, c'est la forte demande sur le poisson, l'argent mais surtout le moyen de rétention, qui sont les tunnels de congélation.