B. Adali Azouz Begag, écrivain, chercheur en économie et sociologie et ex-ministre français délégué à la Promotion de l'égalité des chances (entre 2005 et 2007), a déclaré pour «Le Financier» que «l'Algérie doit investir davantage dans l'agriculture et les énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse…)». «C'est indiscutable, le seul salut de l'Algérie ce sont les énergies vertes», plaide-il tout en se disant très «croyant au Plan méditerranéen des énergies nouvelles». Pour Begag, «la grande faute commise par l'Algérie est le fait d'abandonner, dans les années 70, l'agriculture au profit de l'industrie lourde». L'ancien ministre français regrettera, au passage, un phénomène qui amoche les villes algériennes: «C'est triste de voir des bouteilles d'eau minérales jetées partout. Pourquoi est ce que l'on n'investi pas dans le recyclage?», s'interroge-t-il. Ainsi, Begag appelle le gouvernement algérien de faire la part belle aux énergies renouvelables. L'ex-ministre français qui, visiblement, s'inspire du président américain Barack Obama, a appelé, jeudi, à une «révolution» énergétique en Méditerranée. M. Begag s'est livré à un ardent plaidoyer pour une nouvelle économie entraînée par l'énergie éolienne et les énergies propres, et a déclaré que les jours étaient révolus où les pays traînaient les pieds dans la lutte contre le changement climatique. «Il est temps pour nous de poser de nouvelles fondations pour la croissance en entamant un nouvelle ère de l'exploration énergétique en Méditerranée», a-t-il dit. Chercheur au CNRS et à la Maison des Sciences Sociales et Humaines de Lyon depuis 1980, il est spécialiste en socio-économie urbaine: le travail de Begag porte largement sur la mobilité des populations immigrées dans les espaces urbains. Azouz Begag a publié une vingtaine de livres dont la plupart ont pour sujet les différents problèmes auxquels sont confrontés les jeunes d'origine maghrébine, pris entre deux cultures aussi bien qu'entre tradition et modernisme: pauvreté, racisme, chômage et désespoir. «L'immobilisme, ce n'est pas mon truc» Dans la plupart de ses romans, qu'ils soient de nature autobiographique ou non, Azouz Begag prend la défense des «Beurs» (jeunes Français d'origine maghrébine), valorise leur culture d'origine et leur propose des modèles positifs d'identité. Dans les Chiens aussi (1995), plus récemment, s'exprime le profond désir de révolte de ces jeunes. Ainsi, ce sociologue, économiste et politique, Azouz Begag se découvre une âme écologiste. Et il n'est pas le seul, en effet, parmi les politiques à prôner des discours écolos. En matière d'énergie, il y a de bonnes et de mauvaises nouvelles. Les mauvaises? Le pétrole a une fin. Les bonnes? Le pétrole a une fin. Et pas seulement lui: tôt ou tard, toutes les énergies fossiles subiront le même sort, y compris l'uranium qui alimente les centrales nucléaires. Le pétrole s'épuiserait un jour. Comme personne ne sait vraiment quand, le problème a été mis de côté. L'ère du pétrole facile à extraire (le pétrole conventionnel) est définitivement révolue, et cela explique qu'on se tourne vers le potentiel des énergies fossiles non conventionnelles. Le système énergétique mondial, basé sur les énergies fossiles, est toujours plus dépendant de l'exploitation des ressources ultimes existant. Principal défi logistique: l'approvisionnement continu du monde entier en pétrole, en gaz et en uranium à partir de quelques lieux et pays d'extraction, tout en utilisant d'importants réseaux de transport. Cette vulnérabilité rime avec une augmentation des coûts politiques et militaires en matière de sécurité. Ces coûts croissants rendent le piège énergétique toujours plus dangereux. Obligés d'acheter aux prix des marchés mondiaux, les pays en développement sont touchés de plein fouet. Dans nombre d'entre eux, les importations de produits énergétiques absorbent déjà l'ensemble des revenus d'exportation. Ainsi, et bien avant l'épuisement réel des ressources, le système mondial d'approvisionnement en énergie primaire est dans un état précaire et calamiteux. De même, poussées à se développer, les énergies renouvelables ne jouent qu'un rôle marginal dans ce genre d'initiatives. Pourtant, il y a bien longtemps qu'on aurait dû en faire une priorité stratégique absolue. Certains économistes estiment que le potentiel des «renouvelables» n'était pas suffisant pour remplacer les énergies nucléaire et fossiles, et qu'il était trop onéreux de les développer sur une grande échelle. Ce qui revient à dire qu'elles constituent un inacceptable fardeau économique et social. «Et Alors, c'est une raison pour ne rien faire? L'immobilisme ce n'est pas mon truc», nous répond Azouz Begag. Des avantages économiques significatifs A y regarder de près, aucun des arguments mentionnés n'est convaincant. L'utilisation directe ou indirecte de l'énergie solaire, du vent, de l'eau, de la biomasse et des vagues, pourrait fournir, chaque jour à notre planète -sous forme de vent non capté, de chaleur solaire non récupérée- quinze mille fois plus d'énergie que l'humanité n'en consomme. Une éolienne peut être installée en une semaine, alors que la construction d'une centrale thermique classique demande entre cinq et quinze ans. Des solutions existent déjà pour pallier l'intermittence de filières comme le solaire et l'éolien. Les possibilités de développer rapidement la part des «renouvelables» dans le bouquet énergétique afin d'aller vers un système basé uniquement sur celles-ci ont été mises en évidence. Les seuls coûts directement liés à la production d'énergies renouvelables sont ceux du développement de la technologie. Celui des combustibles n'est, alors, plus à payer -la biomasse constituant la seule exception car le travail agricole et forestier doit être rémunéré. Les coûts liés à l'équipement diminueront avec le développement de la production à grande échelle et l'amélioration continue des technologies. Cela, alors que l'énergie conventionnelle augmentera constamment. En même temps, les «renouvelables» offrent des avantages politiques et économiques significatifs: les importations d'énergies fossiles étant remplacées par des sources d'énergie indéfiniment disponibles localement, la sécurité énergétique en sort renforcée, avec un impact positif sur la balance des paiements. De quoi donner un nouvel élan aux structures économiques basées sur l'agriculture et les échanges. Les besoins en infrastructures seront fortement réduits. Sans même parler des graves atteintes à l'environnement et à la santé ainsi évitées. B.A.