Déjà jugée en 2008, l'affaire Naftal-BEA, qui éclata en 2001 suite à des plaintes quasi- simultanées d'un nombre de gérants de stations-services à Oran, est revenue hier devant le tribunal criminel d'Oran. Mais seul B. N., l'un des sept accusés, était con-cerné par le procès d'hier. Ceci suite à son pourvoi. Employé à l'époque des faits comme chef de section informatique au niveau de l'agence Loubet de la Banque extérieure d'Algérie (BEA), chapeautée par la succursale de Yougoslavie (sise Mediouni), B.N. fut condamné en mars 2008 à 5 ans de réclusion. Clamant toujours son innocence et contestant en conséquence ce jugement, le mis en cause en saisit la Cour suprême. Ce banquier, agent informaticien, a toujours soutenu n'avoir eu aucune main dans cette affaire, dont il fut un «bouc émissaire», pour s'en tenir aux propos de son avocat Maître Belhadi Houari. Ce dernier a plaidé hier «non-coupable» et s'est dit résolument convaincu que son mandant a été traîné délibérément dans cette histoire. Les faits remontent à l'année 2001. Des gérants de stations-services, une dizaine, furent surpris d'apprendre d'être mis en demeure par les services de Naftal pour non-paiement de redevances, des produits livrés (carburants, lubrifiants…). Attestant avoir réglé leurs factures, ces clients furent -à l'origine- de l'ouverture d'une enquête interne par Naftal, qui a abouti à l'existence d'un trou financier de 3 milliards de centimes. Le nœud de l'affaire, selon les résultats de l'enquête, les chèques déposés par les clients à la BEA n'ont pas transité par le circuit de trésorerie bancaire. Certains employés de la banque auraient-ils retenu ces chèques à leur niveau, pour ne pas dire détourné les ordres de payement ? Pour quel intérêt ? Cette piste fut d'autant privilégiée que des chèques bel et bien remis par les clients aux banquiers n'ont pas été retrouvés. Quant au mobile de cet acte de rétention des chèques, il est possible que l'employé ait agi ainsi à la demande du gérant de station-service en rupture de liquidité intempestive, par exemple, de façon à retarder la procédure de compensation le plus tard possible. Ça reste une supposition, mais très plausible toutefois au regard des faits. En tout cas, le gérant d'une station-service, un vétéran du métier, a failli faire les frais de ce tour de main bancaire, puisqu'il a failli être poursuivi pour émission de chèque sans provision. En clair, ce qui est reproché à l'accusé B.N., ce sont trois chèques trouvés en sa possession, d'un montant de 266.000 DA chacun. Son avocat a déploré la légèreté de l'accusation et insisté sur l'absence des éléments légaux de l'infraction de dilapidation de deniers publics reprochée à son mandant. Le représentant du ministère public a requis 7 ans d'emprisonnement contre l'accusé. Une question, somme toute logique, a pesé de tout son poids sur les débats de l'audience : «Pourquoi c'est toujours la même agence BEA Yougoslavie qui est au cœur des scandales en cascade qui atterrissent dans les prétoires des tribunaux, dont le fameux dossier des traites de la BCIA ?» A l'issue des délibérations, B.N. a été condamné à 2 ans de prison, bénéficiant ainsi d'un allègement partiel de la peine.