Une cinquantaine de journalistes se sont rassemblé, hier matin, sous une fine pluie, au niveau de la radio nationale (Alger-centre) en solidarité avec leurs 7 collègues dont la situation est aujourd'hui pour le moins ambigüe. Parmi eux, des membres de la Fédération nationale des journalistes algériens (FNJA), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et un collectif de journalistes tous titres confondus. Ces derniers ont tous répondu à l'appel de la FNJA, venus en soutien aux 7 journalistes dépréciés. Flashback : Dimanche dernier, 7 journalistes de la radio El Bahdja ont décidé spontanément de cesser de travailler et de s'alimenter pour manifester leur mécontentement quant à leur situation pour le moins précaire. Comme ils l'expliquent eux mêmes, ces journalistes de seconde zone ont «les mêmes devoirs que leurs collègues mais pas les mêmes droits». Ni assurés, ni permanisés dans un poste qu'ils occupent, pour certains depuis très longtemps, aucun contrat ne les lie à leur institution. Et pourtant, ils effectuent, comme tout le monde, leur travail journalier, en reportages, émissions, réalisations, parfois au péril de leur vie. L'une des grévistes a même échappé à une attaque à l'esprit de sel dans l'exercice de ses fonctions. C'est pour cela que la semaine dernière, ils ont décidé unilatéralement de tirer la sonnette d'alarme afin qu'il soit mis fin à leur calvaire en entamant une grève de la faim sur leur lieu de travail. Mal leur en a pris. En réponse, leur direction n'a pas trouvé mieux que la force publique pour les évacuer de leurs locaux de travail. S'en suit une plainte en justice pour occupation illégale des locaux de la radio et troubles. Interdits d'accès à la radio, ces derniers n'ont reçu aucune notification ni de la justice, ni de leur licenciement, ni même de leur suspension. Silence radio !! Plus de 900 cachetiers vivent le même calvaire Aujourd'hui, en conflit ouvert avec leur direction, ces journalistes sont dans une situation ambigüe. Reçus par un de leurs responsables, ce dernier leur a confirmé la plainte en justice introduite part leur direction tout en les rassurant quant à leur réintégration. Paradoxale, mais là n'est pas le fin mot de l'histoire. Les journalistes sont interdits d'accès à leurs locaux sans qu'aucune explication ne leur soit donnée. «On leur demande d'attendre patiemment». Pour peu que ce conflit ait porté ses fruits, il a eu tout de même le mérite de délier les langues et mettre le doigt sur une des plaies de la profession. Au cours de la semaine, un haut responsable de la radio a avoué que 900 autres journalistes sont dans le cas des Samir, Larabi, Billel Brahmia et cie. «Des journalistes auquel on octroie un badge pour travailler, et qu'on peut leur ôter à tout moment», explique un membre du collectif de journalistes de la maison de la presse. Seule consolation pour ces derniers et leurs collègues, il a été annoncé l'ouverture de 800 postes budgétaires pour régler le problème des cachetiers, dans le service public (télévison et radio). Des syndicalistes du CLA, du CNAPEST et du port d'Alger en soutien De tous les combats, les journalistes ont longtemps souffert de l'isolement qui s'impose à eux dans les moments les plus difficiles, notamment vis-à-vis des autres corporations. Aujourd'hui, cette situation tend à changer. En plein malaise social, de nombreux syndicalistes de l'éducation et des travailleurs du port d'Alger étaient, hier matin, présents lors du rassemblement pour soutenir ces travailleurs algériens. Une initiative très appréciée par les concernés, et qui, disaient-ils, «les encourage à poursuivre leurs combats». La pétition qui circulait jusque là entre les journalistes pour dénoncer la situation de leurs collègues, a fini entre les mains de ses enseignants et autres fonctionnaires pour qui la dignité n'a pas d'apanage corporatiste. A noter que la (FNJA) qui appelle la direction de la radio à plus de sagesse et à la réintégration dans les plus brefs délais des journalistes grévistes, a assuré ces derniers de revenus en compensation à l'éventuel arrêt de leur rémunération en attendant leur réintégration. La FNJA prendra également en charge leur défense devant la justice grâce à la convention signée depuis peu avec un collectif d'avocats.