Le ministre de l'Energie et des Mines ne remettra pas en cause, pour autant, la gestion de la compagnie nationale des hydrocarbures et annonce la révision de certaines procédures d'appels d'offres. Après avoir refusé de se prononcer, pendant presque deux mois, sur le scandale de Sonatrach, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a fini par cracher le morceau et a déclaré à la radio Chaîne III : “L'affaire de Sonatrach a atteint l'image de l'Algérie.” Il reconnaît ainsi que les actes de malversation et de corruption, prouvés dans la gestion de la compagnie nationale des hydrocarbures, ont terni l'image du pays à l'étranger. C'est la première fois que Chakib Khelil s'exprime publiquement sur cette affaire. Mieux, il avoue son impact négatif sur le pays. Car, a-t-il expliqué, “Sonatrach est le moteur du pays. Elle assure ses revenus”. Toutefois, la mise sous contrôle judiciaire du P-DG et l'incarcération de plusieurs de ses cadres, a-t-il souligné, ne remettent pas en cause la gestion globale du groupe pétrolier. “La gestion de Sonatrach est aussi bonne aujourd'hui qu'elle a été par le passé. On ne peut pas la remettre en cause parce qu'il y a eu des erreurs de certains cadres. Car, le cadre est un être humain. Il peut être attiré vers d'autres intérêts. Mais les cadres de Sonatrach sont valables et compétents. Ils n'ont pas besoin de le prouver”, a-t-il soutenu. Ce fâcheux événement qui a défrayé la chronique ces derniers jours n'a cependant pas laissé apathique le premier responsable du département de l'Energie qui a aussitôt ordonné la révision de certaines procédures d'appels d'offres. L'objectif est de renforcer davantage la transparence dans les différentes activités de l'entreprise. “Nous allons revoir ces procédures pour éviter que les responsables qui les appliquent prennent des risques dans l'interprétation. Ce travail est en cours et se fait avec d'autres ministères. Nous allons assurer la formation de tous ceux qui participent au processus de prise de décision autant pour les ingénieurs que pour les financiers”, a-t-il affirmé. Par ailleurs, M. Khelil a indiqué récemment que les recettes générées par les exportations d'hydrocarbures durant les deux premiers mois de 2010 (janvier-février) se sont élevées à plus de 8 milliards de dollars, soit une évolution de plus de 30% par rapport aux revenus réalisés durant la même période de 2009. Un indice qui, a-t-il constaté, annonce une bonne année 2010, en termes de recettes. Une année encore meilleure que 2009 où les revenus des exportations ont tout de même atteint un montant de plus de 44 milliards de dollars. Selon les chiffres communiqués par le département de M. Chakib Khelil, la valeur cumulée des exportations sur la période 2000-2009 a été évaluée à plus de 393 milliards de dollars. Sur un autre registre, il a annoncé que la raffinerie de Tiaret, en cours de construction, permettra à l'Algérie, une fois livrée, de raffiner la totalité du pétrole brut produit dans le pays. “Cette raffinerie aura une capacité de 300 000 barils/jour”, a-t-il précisé. Il est à noter que les nouvelles raffineries d'Adrar et de Skikda sont déjà opérationnelles. Aux nouvelles installations, s'ajoutera le programme de réhabilitation des raffineries d'Arzew, d'Alger, de Skikda et de Hassi Messaoud. “Nous voulons améliorer nos capacités et les spécifications des produits vendus localement ou exportés. Nous avons, en outre, un programme pour le craquage du fuel. La raffinerie de Skikda sera orientée vers le raffinage du condensat pour des produits pétrochimiques”, a encore ajouté le ministre. L'Algérie compte également, selon M. Khelil, installer de nouvelles capacités de raffinage de pétrole lourd. Celui-ci “sera importé. Une fois raffiné, il pourra, non seulement subvenir aux besoins locaux de production de diesel mais exporté également. Nos besoins en diesel ont augmenté de 8%”, a-t-il précisé. Opep : vers le maintien des quotas de production Chakib Khelil a relevé aussi que près de 30% des 69 milliards de dollars du programme d'investissement de Sonatrach seront orientés vers les activités aval dont le raffinage. Actuellement, l'Algérie a des capacités de raffinage de 500 000 barils par jour dont la moitié est consommée localement et l'autre exportée. Abordant la réunion de l'Organi-sation des pays exportateurs de pétrole (Opep) qui se tiendra aujourd'hui à Vienne, le ministre a écarté toute décision d'une nouvelle baisse de la production. “Il n'y aura pas de baisse de la production. Le consensus sera autour du maintien du niveau de la production actuelle jusqu'à la prochaine réunion de l'Opep en septembre. Augmenter la production serait un mauvais signal à donner au marché qui va entraîner des mesures pouvant baisser les prix”, a-t-il signifié. Pour Chakib Khelil, les perspectives économiques mondiales paraissent bonnes pour les prochains mois. “Il y aura une augmentation de la demande au troisième et quatrième trimestres 2010. Cette demande varie entre 900 000 et 1,6 million de baril”, a-t-il dit. Selon lui, la dégradation de la valeur du dollar et les incertitudes géopolitiques qui entourent le dossier du nucléaire iranien vont encourager la hausse des prix du baril de pétrole. Il prévoit par conséquent, un prix supérieur à 80 dollars le baril de brut au cours du troisième trimestre 2010. Si l'on se réfère aux déclarations de M. Khelil, l'Opep devrait, sauf surprise majeure, laisser les quotas à leur niveau actuel.