Trois condamnations et un acquittement ont été prononcés par le tribunal criminel d'Oran dans une affaire de trafic de kif ayant pour cadre des faits la localité frontalière de Bab El-Assa, dans la ville de Maghnia, réputée pour être la plaque tournante des cartels de narcotrafiquants et de contrebandiers. Quatre personnes étaient poursuivies dans ce procès, dont deux en état de fuite, pour les chefs d'accusation de trafic de stupéfiants et complicité. Dans les faits, les deux hommes au banc des accusés sont soupçonnés d'avoir joué le rôle d'«éclaireurs» lors d'une opération de convoyage de 21 kg de kif, à partir de la localité frontalière de Bab El-Assa (Maghnia). Le 13 janvier, les services de la Gendarmerie nationale de la brigade de Bab El-Assa reçoivent des informations de «source fiable» sur une opération d'acheminement de drogue. La date, l'heure, l'itinéraire, la quantité, le type de véhicule… les services de sécurité en possèdent tous les détails. Il suffit donc de tendre le piège et d'attendre. Avec un léger retard, la «cible», une Mercedes noire, passe par le lieu indiqué. Signal reçu, les gendarmes dressent aussitôt un barrage quelques mètres plus loin. Refusant d'obtempérer à l'ordre de s'arrêter, le conducteur de la Mercedes met les gaz et fonce sur le barrage. A quelques secondes d'intervalle, une autre Mercedes, de modèle et de couleur différents, pointe au barrage. Le chauffeur de celle-ci, lui, serre à droite gentiment. Les gendarmes passent au peigne fin le véhicule. Bilan négatif, rien n'est trouvé. Mais une voiture transportant de la drogue ne prend jamais toute seule la route, il y a toujours -et forcément- un accompagnateur qui éclaire la marche. La Mercedes noire qui a grillé le barrage ne dérogeant pas à cette règle. Beaucoup d'indices, selon l'enquête, laissaient à croire que la Mercedes qui la suivait lui servait de couverture et de guide à la fois. Les deux hommes à bord sont arrêtés. Si, à ce stade-là, cette piste demeurait une hypothèse, la détention et le transport de stupéfiants, en revanche, étaient des faits avérés, puisque la Mercedes noire qui a forcé le barrage, et retrouvée abandonnée quelques kilomètres plus loin, contenait bel et bien 21 kg de kif, selon le rapport de fouille établi par les gendarmes. Hier au procès, l'un des deux hommes arrêtés, le chauffeur, a avoué qu'il était chargé de convoyer la Mercedes noire, mais il croyait, selon ses dires, qu'il s'agissait de marchandise provenant de la contrebande et non de la drogue. Son coaccusé, lui, a soutenu qu'il ignorait tout sur cette opération, et que, pour lui, son seul tort c'était d'avoir accepté d'accompagner son ami dans un petit voyage. Le chauffeur a été condamné à 12 ans de réclusion. Son compagnon a été, quant à lui, déclaré innocent et acquitté.