Bien souvent, ce sont les Américains eux-mêmes qui veulent ardemment se connecter au rêve américain pour le vivre ne serait-ce que l'espace de quelques heures quand ils sont au bout du rouleau, excédés par le chômage, les reprises bancaires de logements et la faiblesse du pouvoir d'achat réduit, parfois, à sa plus simple expression : boucher un petit coin pour apaiser sa faim ou s'allonger sur un banc public. Aux autres trois coins du bout du monde certains, fort -nombreux du reste, caressent l' «american dream» qui pourrait, comme une baguette magique, changer leur vie pour amorcer un nouveau tournant vers la prospérité. La «prospérité» de Las Vegas où l'argent n'appelle pas forcément toujours l'argent. Où, au moindre virage, la roue risque de tourner dans le mauvais sens et jeter des humains en pâture aux usuriers, ces prêteurs sans foi ni loi. De vraies sangsues que rien n'arrête. On a beau dire que les temps ont changé. Que les espoirs sont permis avec l'arrivée de Barack Obama. Mais rien n'y fait. Ceux qui ont de tout temps serré ceinture, continuent de le faire. Ceux qui ont des nuits entières sur des bancs publics s'encroûtent. Ceux qui ont élit domicile dans les bas fonds de New York vivent encore et toujours dans les ténèbres. L'Amérique ce n'est pas seulement Times Square ou encore les belles avenues de Washington ou encore les gratte ciels de Manhattan. La vie de tous les jours est autre. Pour l'écrasante majorité c'est la répétition à longueur de semaines de dodo-métro-boulot. Il faut préserver son emploi. Car la crise n'a épargné personne à travers les cinquante États. La crise économique a bouleversé le rêve américain, et la prudence qui s'exprime désormais face à l'avenir risque de se faire sentir sur la consommation, a estimé mardi Sandra Pianalto, une des responsables de la banque centrale des États-Unis. Pour beaucoup de gens, le rêve américain est réduit désormais à la quête de la sécurité financière. L'attitude des gens vis-à-vis de leur propre avenir a fondamentalement changé, et l'un des fruits de la crise est l'apparition d'un «sens élevé de la prudence», explique Mme Pianalto. Selon une récente étude, 60% des habitants du pays estiment que le rêve américain est «plus difficile» à réaliser pour eux qu'il ne l'était pour leurs parents. Cet immense pays aux cinquante États fédérés, ce colosse dont la crise révèle les pieds d'argile, cette société américaine qu'on observe à la fois à la pointe de la modernité et croupissant dans les bas-fonds d'un archaïsme pitoyable, ce pays aux bras grands ouverts, qui se veut terre d'accueil pour tous les damnés de la Terre, qui aujourd'hui se referme comme une huître et clôt de murs ses frontières ; qui a placé sa ville phare, son orgueilleuse cité aux mille gratte-ciels sous la protection d'une statue de la Liberté censée « éclairer le monde », n'est plus perçu comme étant le paradis sur terre. Il en faut encore beaucoup plus pour que le rêve devienne réalité.