Bien qu'il soit fréquemment malmené sur les marchés internationaux, l'euro ne brûle pas quiconque s'y frotte. Il continue à faire le bonheur de certains « petits banquiers au noir » et pas mal de gens heureux particulièrement en Afrique où la monnaie européenne trône sur tous les fronts. Pourtant, la monnaie européenne semble de plus en plus froide face à la panique à peine déguisée qui semble caractériser certains pays de la zone en mal de pouvoir s'équilibrer financièrement et de tenir sur leurs propres jambes sans avoir recours à des béquilles. Le calvaire qui a secoué dans un passé très récent la Grèce pourrait ne pas épargner d'autres pays dont certains se sont déjà lancés dans des coupes drastiques dans leurs budgets respectifs pour ne pas être noyés par leurs propres dettes. Aujourd'hui, les économistes spécialistes de la monnaie européenne vont jusqu'à s'interroger sur le devenir de l'euro. Il y a seulement quelques semaines, un scénario de dislocation a été évoqué: il passerait par l'expulsion ou le départ éventuels de pays comme la Grèce et le Portugal qui ne peuvent pas empêcher leurs dettes d'affaiblir les pays de la zone euro. Certains pensent que c'est « fortement improbable » alors que d'autres affirment presque le contraire soulignant que ce n'est « plus complètement impensable ». La dislocation de l'euro est maintenant « une hypothèse de plus en plus réelle ». Pourtant, l'Italie est, elle aussi, plongée dans un plan de redressement à travers sa cure d'austérité. Toute la question tourne autour de la France et de l'Allemagne qui se présentent comme « les parents » de la monnaie des seize avec parfois des courts circuits, à cause notamment de l'enveloppe-secours à accorder à la Grèce pour qu'elle refasse surface et panse les blessures d'une impitoyable hémorragie financière. À se demander « si l'Allemagne et la France ne pourraient pas également être tentées par une sortie de l'euro ». Ce tabou vacille soudain alors que la crise de la dette menace l'Union européenne. Le chef économiste du groupe italien Unicredit est catégorique : «Je pense que ce qui devient de plus en plus évident, c'est que la zone euro dans son état actuel ne fonctionnera pas», ajoute-t-il. La Grèce, proche de la faillite, pourrait immédiatement rétablir sa compétitivité commerciale en revenant à la drachme, et en la laissant dévaluée, au lieu du processus dangereux actuel qui passe par une réduction des salaires et des prix pendant des années. Une dislocation, si elle survenait, risquerait toutefois de ne pas se faire à l'amiable et de manière ordonnée, souligne pour sa part Daniel Gros, du Centre d'études politiques européennes (CEPS) à Bruxelles. «Les marchés sont si intégrés que cela conduirait à une catastrophe partout si vous essayez de démanteler la zone euro», prévient-il. Dans tous les cas, le coût du démantèlement de la zone euro - qui représente le deuxième marché du monde - pourrait être très élevé. Les pays plus faibles seraient confrontés immédiatement à une instabilité financière.