Sous la houlette de Abdelaziz Belkhadem, Secrétaire général de l'ex-Parti unique, un club regroupant des hommes d'affaires et des opérateurs économiques a été lancé, avant hier, en présence de plus de 200 patrons venus de tout le pays. Officiellement, il s'agit d'un club d'hommes d'affaires et opérateurs économiques du FLN qui constituera «un espace pour débattre des questions liées à l'investissement et au développement économique de l'Algérie. Dans les faits et selon, les observateurs, c'est une sorte de grosse organisation où viennent se diluer toutes les structures patronales déjà existantes, qui est en passe d'être mise sur pied. Le but de cette démarche est, selon un des initiateurs du projet de regrouper les Chefs d'entreprises publiques et privées au sein d'un patronat «fort et unifié» sur les modèles marocain et tunisien. Conscience a, donc, été prise, en haut lieu, que la réussite d'un plan d'envergure, quel qu'en soit le budget consacré, dépend grandement d'une assise industrielle et de la performance des entreprises. L'implication totale des opérateurs économiques est donc nécessaire pour mener à bien le développement projeté. «Les responsables politiques ont compris maintenant que le dialogue fait défaut avec les Chefs d'entreprises», a déclaré un autre initiateur du projet. Il est vrai que le foisonnement des organisations patronales et leurs nombreuses divergences sur les questions économiques stratégiques ne favorisait pas un tel dialogue. Seulement, cette diversité est pour le moins bénéfique à la corporation quand le dialogue dépouillé de considérations politiciennes, s'installe. C'est même une règle fondamentale de la pratique démocratique. Ce qui est par contre dangereux pour la pratique démocratique et même pour l'efficacité de l'action des organisations patronales, c'est le fait de vouloir les diluer dans une structure qui risque de scléroser le débat contradictoire, mais ô combien nécessaire pour sortir avec des idées communes et mûrement «travaillées». Sous le couvert de solidifier les rangs, n'y a-t-il pas tentative de museler les positions trop critiques à l'égard des orientations économiques ? Obligé de composer avec la pluralité partisane, le FLN ne tente-t-il pas là de déléguer son hégémonie perdue aux organisations patronales ?