Il est à peine 13h, que la capitale est déjà pratiquement à l'arrêt, ou plutôt en attente. Les rues sont vides ou presque, et la circulation inhabituellement calme. La chaleur suffocante de la journée y est pour quelques chose, et l'excitation d'avant match n'arrange en rien les choses. Les boutiques s'apprêtent pour la plupart à baisser le rideau, alors d'autre ont préféré le laisser clos. En entreprise, c'est la course aux astuces pour regarder le Match. Cantines pour certains, café du coin pour d'autres et escapades pour la majorité. Déjà que la veille, tous les rendez-vous ont été reportés et parfois même annulés. « A 11h, il n'y aura plus personne » nous a-t-on dit un peu partout. Les taxieurs refusent de prendre de longues courses, et évitent les quartiers embouteillés. La veille, au niveau du carrefour Bir Mourad Rais l'un d'eux nous expliquait « je ne veux pas être pris dans la circulation. Demain à 12h, je ferme boutique. Je me gare. Il n'est même pas question de reprendre la voiture après le Match… surtout en cas de victoire». Sur la plus grande artère de la capitale, la rue Didouche Mourad, un boulanger s'adressait lui a ses habitués : « venez demain avant 11h. Après vous ne trouverez rien, même pas le vendeur». Aux larmes citoyens ! Il faut dire que les français l'avaient bien cherché. Au lendemain du Match des verts contre la Slovénie, au moment ou la planète foot tentait de comprendre sans juger, le jeu des Ziani, Boughera et Yahia, outsiders de la compétition et espoir de toute une nation, certaine presse française a préféré joué la carte de la méchanceté gratuite. Proférant à certains moments des propos obscènes, à la limite des insultes a l'encontre des gladiateurs algériens, des journaux hexagonaux ont outrageusement critiqué le 11 National, et n'y sont pas allé de main morte. Ceci, alors même que l'équipe de France de football se préparait à offrir au monde, un spectacle digne de la commedia dell'arte. Manque de bol, les propos français ne sont pas tombés de l'oreille d'un sourd et l'histoire retiendra que la presse française s'est prise a son propre piège en vilipendant in fine ses propres joueurs sous les regards médusés des autres pays. Pendant ce temps là, la rue algérienne passera plus de temps ces derniers jours à se moquer des bleus qu'à converser autour des verts. Risée du monde footballistique, le coq français se transforma en poule (dixit un titre français). Comme quoi l'arrogance ne paye pas.