Toronto – Abdelkader DJEBBAR Une ébauche du communiqué final du sommet du G20, obtenu par l'agence Reuters, affirme que les pays sont libres d'imposer une telle taxe pour soutenir des institutions financières qui pourraient se trouver à nouveau en difficulté. Au G20 de Toronto, au Canada, chacun des vingt pays riches semble vouloir tirer la couverture à lui pour préserver ses arrières et son avenir en cette petite période de reprise économique que chacun qualifie à sa manière en se basant sur la situation propre à chaque gouvernement. Chacun veut jouer sa partition en solo pour tenter de convaincre les autres du bien fondé de sa politique. Mais plusieurs veulent s'unir le temps d'un duo ou tout au plus d'un quatuor aux accords, bien souvent, désynchronisés. Mais pas plus gros groupe pour une parfaite sérénade entachée par la grande question de la taxation des banques qui, au lieu de faire l'unanimité ou tout au moins la majorité, vient de faire prendre conscience aux pays riches de prendre acte du cafouillage entériné lors de la clôture de dimanche. Au départ, dès samedi, le président du Conseil italien Silvio Berlusconi tirait déjà la sonnette d'alarme en déclarant devant la presse que la taxe bancaire «ne trouvera pas d'accord au sein du G20, c'est déjà acté». C'était quelques heures à peine avant le début de ce sommet des pays riches et émergents. Il n'était pas le seul à constater, tel un médecin, le décès de cette taxe sur les banques. «D'après ce que j'ai compris du travail de préparation des négociateurs, nous devons nous attendre à une décision négative», a déclaré de son côté la chancelière allemande Angela Merkel, confirmant qu'elle plaiderait néanmoins en faveur de cette taxe aux côtés de son homologue français Nicolas Sarkozy. Le même sort semblait être réservé aux transactions financières a reconnu la chancelière allemande. Le G20 n'ira pas toutefois jusqu'à empêcher les pays favorables à cette taxe d'aller de l'avant, a assuré un haut responsable canadien, dont le pays est hôte ce week-end des sommets du G8 et du G20 dont les membres risquent de repartir en rangs dispersés par rapport à cette question qui tient à cœur plusieurs pays de l'Union européenne contrairement aux autres . Farouche partisan de cette taxe bancaire, Sarkozy, pour sa part, et au même titre que le britannique David Cameron persiste et signe : « quelle que soit la décision de nos partenaires, nous la mettrons en œuvre » a-t-il précisé. Les pays «qui n'ont pas eu à utiliser l'argent de leurs contribuables ou dont les banques n'ont pas fait faillite, n'ont pas l'intention de mettre en place une taxe», souligne-t-on dans les milieux canadiens qui ne s'empêchent pas de brandir un bilan assez favorable dans ce domaine. «Nous n'avons pas besoin de taxe en Australie», a ainsi assuré samedi le vice Premier ministre australien. «La vérité pourrait bien être que certains envisagent cette taxe parce qu'ils veulent juste gagner un peu d'argent», a-t-il ajouté, en référence à la France et à la Grande-Bretagne qui souhaitent affecter le produit de cette taxe à leurs budgets nationaux. De nombreux autres États sont sur la même ligne, comme les pays membres du groupe des «BRIC» (Brésil, Russie, Inde et Chine), ou l'hôte canadien. Ils estiment ne pas avoir besoin de révolutionner le contrôle de leurs banques ni de les punir par une fiscalité spécifique. Quant aux Etats-Unis, qui figuraient à l'origine parmi les promoteurs de l'idée, ils n'en ont plus parlé récemment. A Washington, c'est au Congrès désormais d'avancer sur cette taxe, lors des discussions prévues cet été sur le budget 2010-2011. Le président Barack Obama est en revanche arrivé au Canada fort du compromis trouvé par les parlementaires de son pays sur une réforme de la régulation financière, la plus ambitieuse du G20. Finalement, les carottes étaient cuites avant même d'aller faire le marché et les mœurs bien adoucies avant le début de la partition musicale au goût de refrain un peu trop galvaudé.