Parmi les pays Moyen Orient et Afrique du Nord (MENA), le Maroc a la meilleure efficacité productive, ce qui lui vaut de figurer dans la liste des pays performants de l'échantillon, derrière toutefois les deux pays têtes de file. C'est ce qui ressort d'un rapport du Femise sur Performances productives et climat de l'investissement dans quatre pays de l'espace MENA : Algérie, Egypte, Maroc, Liban. En comparaison du Brésil, toujours sur la base de la médiane, l'écart de productivité varie de 11 à 35 %, soit sensiblement moins que ne l'indique l'écart de revenu par tête qui est d'environ 47 % ou 38,5 % si l'on raisonne en termes de parité des pouvoirs d'achat. Dans tous les secteurs, le Maroc devance l'Algérie d'environ 20 % sur la base de la médiane, à l'exception de l'agro-alimentaire où l'écart est beaucoup plus prononcé. L'Algérie devance elle-même l'Egypte dans des proportions significatives, sauf dans le secteur de l'agro-industrie où les écarts demeurent contenus. Pour ce qui est du Liban, il est dans le voisinage des performances observées pour l'Egypte. L'évaluation de la Productivité totale des Facteurs (PTF) confirme, au moins en termes de classement des distributions nationales sectorielles, les écarts observés précédemment à partir des productivités apparentes. Les pays MENA ne sont pas sensiblement en deçà des performances observées pour la Chine et l'Inde. Ils seraient même mieux placés pour certains secteurs, mais avec des niveaux de salaires par tête plus élevés et surtout avec le risque d'oublier que dans les grands pays asiatiques, un petit nombre d'entreprises efficaces suffit à durcir les conditions de la concurrence sur les marchés extérieurs avec des niveaux de productivité du même ordre sinon supérieurs à ceux observés en zone MENA. De ces études de productivité exprimées sous une forme absolue (PTF) ou relative (efficience technique), il ressort que le secteur manufacturier marocain est le plus efficace des quatre pays MENA étudiés. Les performances sont assez proches de celles obtenues dans des pays de niveau de développement supérieur comme l'Afrique du sud ou le Brésil et plutôt meilleur que celles mises en évidence pour la Chine et l'Inde. Le scénario est bien différent pour les trois autres pays. L'Algérie occupe une position intermédiaire avec une performance productive pénalisée par les Administrations publiques. L'Egypte souffre, pour sa part, de nombreux problèmes institutionnels, qui pénalisent grandement la performance de son système productif. Enfin, le Liban n'est pas dans une meilleure posture. Même si le nombre d'entreprises pour lesquelles le travail a été mené est limité, il semble que les entreprises ne sont guère plus efficaces qu'en Egypte, soumises aux effets perturbateurs des facteurs institutionnels, notamment la corruption, mais également la mauvaise qualité des services publics dont la distribution d'électricité. L'enquête ICA, (Investment Climate Assessment de la Banque mondiale) relative à l'Algérie porte sur deux années espacées de 6 ans, 2000 et 2006. L'échantillon couvre plusieurs centaines d'entreprises manufacturières dont 130 ont pu être traitées sous une forme permettant à la fois la mesure de la productivité et la recherche de ses déterminants en termes d'environnement économique et institutionnel, en termes d'organisation interne. La couverture sectorielle montre que le secteur le plus important des six considérés pour cette analyse est le secteur de l'agro-alimentaire avec 52 unités, suivi du secteur des machines et équipements (40). En revanche, la chimie est faiblement représentée, seulement 8 entreprises. La productivité partielle est donnée ci-dessous, tableau 24, respectivement calculée en prix courants et constants. Dans le second cas, le cours du change du dinar en dollar est alors pris sur 2000. Cette productivité apparente suggère, mais il faut être prudent compte tenu de la faiblesse des échantillons et des différences de technologies, que le secteur des machines et équipements, ainsi que celui de la confection, sont les plus productifs par unité d'emploi. La chimie est en queue de distribution. Ce positionnement peut être l'objet d'étonnement dans la mesure où l'on est ici en présence d'un secteur qui est plutôt plus capitalistique que les autres. L'évaluation de l'efficacité productive sur la base de la PTF confirme le diagnostic précédent. Certes, la performance se resserre entre les secteurs, mais la chimie est toujours en dernière position lorsqu'on considère la valeur ajoutée par unité de facteur. De tels écarts n'empêchent pas ce secteur d'avoir des niveaux de salaires, en moyenne, sensiblement plus élevés que les autres, de l'ordre de 3 à 4 000 dollars, ce qui conduit à des coûts unitaires qui sont bien-sûr très marqués. Dans ce secteur de la chimie, la part imputée aux salaires ne représente pas moins de 50 % de la valeur ajoutée. Dans le secteur du textile, mais aussi dans celui de la confection où la productivité est relativement faible, y compris par rapport aux pays MENA comme on a pu le souligner plus haut dans cette synthèse, le salaire mensuel implicite varie, en moyenne, de 130 à 160 euros par mois, ce qui ne laisse pas envisager de problème de productivité insurmontable.