En le portant à 50 milliards d'euros, le pays le plus frappé par la pandémie double son plan d'aides aux entreprises et aux ménages qui s'apprêtent à affronter une crise économique après celle sanitaire. Profitant de la suspension du pacte de stabilité, le gouvernement va le financer grâce à la hausse du déficit public. "L'histoire demain jugera si nous avons été à la hauteur mais aujourd'hui c'est le temps de l'action et des responsabilités. " Giuseppe Conte les assume pour la première fois devant le parlement un mois après le début de l'épidémie de coronavirus. Dans ce qu'il a qualifié de " guerre contre l'ennemi invisible ", qui a déjà provoqué plus de 7.500 victimes et qui menace de ruiner l'économie , l'Italie tire un " bazooka de 50 milliards d'euros ". La somme du plan d'aide extraordinaire pour soutenir entreprises et ménages en difficulté a ainsi doublé en un peu plus d'une semaine, plus que décuplé en un mois. Les prévisions des banques d'affaires évoquent une récession à deux chiffres et les plus optimistes parlent d'un recul de 5 % du PIB. Cinq pour cent du PIB, c'est également le chiffre que devrait atteindre le déficit public italien en profitant de la suspension du pacte de stabilité cette année et avec la bénédiction de Mario Draghi . " Le déficit ne doit plus être un tabou, a expliqué l'ancien président de la BCE dans un entretien au Financial Times. Pour éviter une situation similaire à la grande dépression de 1929, les Etats doivent couvrir les coûts de ce qui s'apparente à une guerre ".
Eviter une explosion des faillites L '" effort de guerre " italien sera détaillé dans un nouveau décret qui entrera en vigueur début avril. Il confirmera et étendra le versement de toutes les contributions sociales et fiscales. L'Etat confirmera sa prise en charge des mesures de chômage partiel pour six mois supplémentaires avec une augmentation de l'indemnité chômage pour salariés en CDD. Le code des marchés publics pourrait être suspendu de six mois à un an pour débloquer et relancer au plus vite les chantiers publics. Ils ont toujours représenté le principal facteur de reprise de l'économie italienne. La Caisse des Dépôts sera impliquée de manière plus importante pour se porter garante des PME/PMI afin d'assurer les liquidités nécessaires. Le 2 avril prochain, un conseil d'administration se réunira pour lui consentir l'octroi direct de financements aux entreprises. Elle peut pour l'instant ne le faire que pour des prêts supérieurs à 25 millions d'euros. Ce seuil sera abaissé. La grande crainte du gouvernement italien est une explosion des faillites qui provoquerait une nouvelle hausse des crédits détériorés dans les bilans des banques. Cela rouvrirait la grande plaie du système bancaire transalpin de ces dernières années qui commençait tout juste à se refermer.
Le soutien attendu de l'Europe L'Italie demande un soutien concret de la part de l'Europe. Il pourrait se manifester par des emprunts à taux zéro à long terme que les PME/PMI pourraient contracter auprès de la BEI (Banque européenne d'investissements). Mais c'est surtout l'instauration de " coronabonds " (des obligations européennes) qui est réclamée. C'est l'objet d' une lettre adressée ce mercredi au président du Conseil européen par Giuseppe Conte et les dirigeants de huit autres pays dont la France, l'Espagne, la Grèce, l'Irlande et le Portugal. En attendant Giuseppe Conte promet aux Italiens d'" utiliser tous les instruments possibles pour que le pays redevienne plus fort qu'avant ".