La cinquième réunion du comité de haut niveau dans le cadre du forum des pays exportateurs du gaz (FPEG) a débuté hier à Téhéran. Lors de cette réunion, les experts devaient se pencher sur les projets des statuts d'une Opep du gaz proposés par la Russie et l'Iran. La Russie, qui dispose des premières ressources gazières au monde devant l'Iran, ainsi que le Qatar, le Venezuela, le Nigeria et l'Algérie participeront aux discussions, alors que les Etats-Unis et l'Union européenne sont hostiles à cette initiative. Ils craignent notamment des spéculations sur les cours et des problèmes de sécurisation des approvisionnements mondiaux. La réunion devait donc discuter de deux projets de statuts alternatifs. Le projet iranien est "plus dur" et celui de la Russie est "plus modéré", avait plus tôt déclaré le vice-président de la Douma (chambre basse du Parlement russe) et président de la société gazière de Russie Valeri Iazev. Le projet iranien, qui, par ses statuts, ressemble beaucoup à l'Opep, "réglemente les principes de fonctionnement et d'existence de cette organisation". A la différence du projet iranien, le projet russe prévoit, compte tenu des réalités, de coordonner la formation des prix du gaz et les itinéraires de transport, a expliqué M. Iazev. La création d'une Opep du gaz reste, cependant, nécessaire et servira les intérêts de la Russie, a affirmé le parlementaire russe. Même si la décision finale reviendra aux ministres des pays exportateurs lors de leur prochaine réunion plénière, reste que l'Opep du gaz semble définitivement sur les rails et cela quels que soient ses futurs statuts. L'idée d'une Opep du gaz a été évoquée pour la première fois fin 2006, dans le sillage d'un protocole d'accord signé entre le groupe Sonatrach et Gazprom, le géant russe. Elle a été relancée en janvier 2007 par le guide spirituel de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une rencontre avec Igor Ivanov, qui était à l'époque le secrétaire du Conseil de sécurité de Russie. Selon Khamenei, l'Iran et la Russie, qui possèdent la moitié des réserves mondiales de gaz naturel, sont à même de créer une organisation à l'instar de l'Opep en vue de coopérer dans le domaine du gaz. Le président de la République y est également favorable. M. Abdelaziz Bouteflika avait souligné que cette idée mérite d'être "discutée". L'Algérie qui est le 3e exportateur mondial de gaz naturel, pourrait tirer profit d'une Opep du gaz dont la mission première serait la défense des intérêts des producteurs. D'ailleurs, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil a affirmé récemment qu'une organisation des pays producteurs et exportateurs de gaz s'impose afin de préserver les intérêts communs de ces pays. "Une Opep du gaz s'avère nécessaire car le gaz est commercialisé à des prix dérisoires, surtout depuis 2005, alors qu'ils devraient suivre les cours du pétrole", a-t-il justifié. En attendant la prochaine réunion du FPEG qui se tiendra à Moscou en juin 2008, la réunion de Téhéran devra trancher sur un projet de statuts qui servira de base pour le lancement effectif de l'Opep du gaz.