La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a donné le ton de la réunion de donateurs aux Palestiniens prévue hier à Londres en dénonçant le peu d'empressement de certains riches pays arabes à verser les fonds qu'ils leur ont promis, les accusant de chercher à "payer le moins possible"."Je pense que les pays qui ont des ressources ne devraient pas chercher à payer le moins possible mais le plus possible", a déclaré la chef de la diplomatie américaine à quelques journalistes dans l'avion la conduisant à Londres, où elle est arrivée jeudi en début de soirée. Mme Rice n'a mentionné aucun pays. "Il est extrêmement important que les gens paient ce qu'ils ont promis de payer", a ajouté Mme Rice, qui devait participer hier à Londres à une réunion du comité ad hoc (AHLC) des bailleurs de fonds internationaux pour les Palestiniens, afin d'encourager les donateurs à concrétiser leurs engagements pris en décembre à Paris. "Les pays qui ont des ressources et qui ont intérêt à la création d'un Etat palestinien doivent utiliser ces ressources maintenant", a-t-elle poursuivi, en réponse à une question sur son appréciation du soutien des pays arabes aux négociations israélo-palestiniennes en cours. A ce jour, la moitié seulement des fonds promis au titre du "soutien au budget palestinien" (salaires des fonctionnaires notamment) ont été versés, selon Mme Rice, qui a rappelé que les chances de succès d'une solution à deux Etats, Israël et la Palestine vivant en paix côte-à-côte, s'amenuisaient avec le temps. "Il y a urgence, car (...) je suis convaincue que la fenêtre d'opportunité d'une solution à deux Etats ne va pas rester ouverte éternellement", a-t-elle noté. "En fait, on peut même dire qu'elle se réduit davantage chaque jour". Lors de la réunion des donateurs de Paris en décembre dernier, la communauté internationale s'était engagée à verser 7 milliards de dollars au total aux Palestiniens, dont 1,5 milliard au titre de l'aide budgétaire, c'est à dire principalement le versement des salaires des fonctionnaires. Or 717 millions de dollars ont été versés à ce jour, dont 500 millions par l'Union européenne, la Grande-Bretagne, la Norvège, la France et les Etats-Unis, selon les chiffres du département d'Etat. Les contributions des pays de la Ligue arabe s'élèvent à 215 millions de dollars, dont 91,6 millions versés par les Emirats arabes unis, 61,6 millions par l'Arabie saoudite, et 62 millions par l'Algérie, selon la même source. Les contributions des pays arabes sont "malheureusement insuffisantes", a déclaré le haut responsable du département d'Etat ayant requis l'anonymat. En outre, les Palestiniens ont aujourd'hui besoin de davantage de fonds au titre du "soutien au budget" que ce qu'ils avaient prévu en décembre et il faudra prévoir une rallonge, a-t-il ajouté. Outre cette réunion des donateurs, Mme Rice a prévu plusieurs rencontres centrées sur les négociations israélo-palestiniennes lors de son séjour à Londres. La secrétaire d'Etat américaine doit participer à une réunion du Quartette international pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne, Russie, ONU) pour discuter de l'évolution des négociations de paix depuis la conférence de paix d'Annapolis, près de Washington, en novembre. Elle aura également un entretien avec l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, l'émissaire du Quartette chargé d'attirer des investissements étrangers dans les territoires palestiniens.