“Nous sommes en train de bâtir une relation d'exception avec l'Algérie depuis 2003 afin de mettre en œuvre la feuille de route" donnée par les présidents français et algérien lors de la visite d'Etat de Nicolas Sarkozy en décembre 2007. C'est avec ces propos que la ministre française de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, s'est adressée, hier, à la presse nationale. La ministre a qualifié l'Algérie de "partenaire stratégique de la France", au second et dernier jour de sa visite, ajoutant que l'Algérie était également un "partenaire d'exception de la France dans la lutte contre le terrorisme". Cependant, la France reste prudente au sujet de la libre circulation des personnes. A ce titre, Mme Alliot-Marie a déclaré que la libre circulation des personnes ne peut se faire au détriment de la sécurité car, selon elle, il faut qu'il y ait des moyens et des données biométriques en matière de visas et de passeports et ainsi qu'un échange des connaissances.Un autre sujet sur lequel la France reste réservée, celui du devoir de mémoire. Sur ce point, la responsable française a souligné que le président français a dénoncé le passé colonial de la France lors de sa dernière visite en Algérie, ajoutant que sans nier le passé il faut agir sur l'avenir. Une position qui réaffirme une nouvelle fois le refus de la France de présenter des excuses officielles au peuple algérien. Un refus réaffirmé la veille de la commémoration des massacres du 8 mai 1945, témoin des atrocités du système colonial français en Algérie. La ministre française s'exprimait devant la presse à l'issue de la signature d'une convention franco-algérienne sur la sécurité civile. Il s'agit d'une convention de financement d'un montant de 2,2 millions d'euros pour la formation et la modernisation des services de la Protection civile algérienne (30 000 personnes), qui regroupe sapeurs-pompiers et personnels de sécurité civile. Selon le texte de l'accord, cette convention vise à "apporter un concours à la direction générale de la Protection civile pour le renforcement des capacités en matière de prévention et de gestion des risques majeurs". Il a été convenu également de renforcer la coopération en matière de formation de la police scientifique et technique, la sécurité interne, la lutte contre la drogue et autres phénomènes. Elle a évoqué la coopération décentralisée entre les collectivités territoriales françaises et algériennes en s'adressant aux maires et chefs de daïra lors d'une rencontre tenue lundi.Interrogée sur le projet de Nicolas Sarkozy relatif à l'Union méditerranéenne, notamment le rôle de l'Algérie face aux rumeurs circulant ces derniers jours sur la répartition des rôles en faveur de la Tunisie, du Maroc et même l'Egypte, Mme Alliot-Marie a déclaré que rien n'a été encore décidé en affirmant que tout le monde aura sa part et que l'Algérie étant un grand pays aura un rôle stratégique dans cette union. Elle défendra ce projet qui est, selon la ministre, une nécessité qui sera imposée d'ici 20 ans afin de faire face aux différents ensembles qui s'installeront. Il s'agit, selon elle, d'une union démographique et économique en prenant compte des intérêts et des risques communs, dont la circulation des personnes qui sera prise en charge dans cette union. La ministre a également fait le point sur ses entretiens avec le ministre algérien des Affaires religieuses, en indiquant qu'il était question d'engagement à assurer les libertés d'exercice des cultes, la situation de l'Islam en France, et l'ensemble des problèmes relatifs à la montée des sectes, leurs actions et la lutte contre les dérives sectaires. A rappeler que dernièrement, il y a eu un débat important sur l'évangélisation en Algérie. Mme Alliot-Marie a ensuite été reçue par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, en présence du ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni. Elle a transmis un message du président Sarkozy et a également interrogé le président sur son analyse "stratégique" concernant certaines questions inhérentes à la région. Elle a fait également part au président de ce qui a été convenu avec son homologue, M. Zerhouni, en matière de coopération sécuritaire. La ministre s'est rendue dans l'après-midi à Tlemcen, à la frontière algéro-marocaine, pour assister à un exposé sur la criminalité transfrontalière et le développement de la police algérienne. Sur ce point, elle a expliqué qu'il ne s'agissait pas de parler de la question des frontières algéro-marocaines.