Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a encouragé les dirigeants mondiaux à s'investir pleinement dans la lutte contre la crise alimentaire mondiale. "Combattre la crise alimentaire mondiale nécessite un leadership international et une coordination au plus haut niveau", a-t-il estimé lors de la première réunion de la cellule de crise qu'il a créée à cet effet, selon un communiqué de son service de presse. Cette réunion à huis clos, sous l'autorité de M. Ban qui a fait de la lutte contre la faim l'une de ses priorités, visait à "promouvoir une réponse mondiale cohérente et coordonnée à l'actuelle crise alimentaire", selon le communiqué. Elle a jeté les bases d'un "Cadre global d'action" comprenant une série de plans à court et long terme pour faire face à la flambée des prix alimentaires dans le monde. L'accent sera mis sur l'aide alimentaire, les initiatives de protection sociale et les mesures favorisant l'agriculture. Les participants sont convenus de présenter ces axes d'action à la conférence de haut niveau de la FAO (Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture) sur la sécurité alimentaire, à Rome du 3 au 5 juin, à laquelle M. Ban souhaite que les dirigeants mondiaux participent. Le suivi et la mise en oeuvre de la stratégie d'action seront assurés par la cellule de crise, dont la création a été annoncée par M. Ban à Berne le 29 avril et qui rassemble les chefs de quinze départements et agences de l'ONU, du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM). Elle est placée sous l'autorité de M. Ban, qui a chargé de sa coordination son secrétaire général adjoint pour les affaires humanitaires, John Holmes, à New York, et David Nabarro, coordinateur de l'ONU contre la grippe aviaire, à Genève. La cellule de crise a renouvelé l'appel lancé à Berne par les institutions pour une action urgente face à la crise alimentaire. Elle a demandé aux Etats d'"assurer que leurs politiques, notamment en matière d'exportation de nourriture, n'exacerbent pas l'actuelle hausse structurelle des prix et ses conséquences". Plusieurs pays s'étaient vu rappeler à l'ordre à Berne pour avoir décidé de suspendre leurs exportations de nourriture, pour défendre leur propre sécurité alimentaire, car ces mesures poussent les prix à la hausse et pénalisent les plus pauvres. La cellule de crise a appelé les Etats à "ne pas entraver les fournitures de nourriture destinées aux besoins humanitaires, par exemple par l'intermédiare du PAM" (Programme alimentaire mondial). La Birmanie, durement frappée le 2 mai par un cyclone meurtrier, a particulièrement besoin actuellement d'aide alimentaire pour quelque deux millions de sinistrés. Les prix des denrées alimentaires ont pratiquement doublé dans le monde en trois ans, selon la Banque mondiale, provoquant des émeutes en avril en Egypte et à Haïti, des manifestations dans de nombreux autres pays et des restrictions aux exportations de plusieurs producteurs dont le Brésil, le Vietnam, l'Inde et l'Egypte. Parmi les explications, figurent le développement des bio-carburants, les barrières commerciales, une demande croissante venue d'Asie sur fond de modifications des habitudes alimentaires, la faiblesse des récoltes ainsi que les cours du pétrole, qui pèsent sur le prix des transports. La FAO a estimé lundi que la production mondiale de riz atteindrait un niveau record en 2008 mais que les prix resteraient élevés à court terme.