Les responsables des secours d'urgence déclarent qu'il n'y a pas de temps à perdre en Birmanie pour venir en aide des survivants du cyclone Nargis alors que la junte militaire a promis aux Nations unies d'accepter davantage de travailleurs humanitaires. Les généraux birmans, critiqués par l'Occident pour avoir refusé une opération humanitaire d'envergure après la catastrophe du 2 mai dernier, ont de leur côté mis en oeuvre samedi la seconde partie du référendum constitutionnel dans le delta de l'Irrawaddy et à Rangoun, ou la consultation avait été différée.La constitution, rédigée par l'armée, a été approuvée à plus de 92% le 10 mai dernier dans les autres régions birmanes. Trois semaines après le passage dévastateur du cyclone, qui a fait au moins 134.000 morts et disparus, la faim, la maladie et l'absence d'abri ou de soins menacent jusqu'à 2,5 millions de rescapés, selon les Nations unies.Vendredi, après trois semaines de restrictions et de réticences à ouvrir les frontières du pays, le général Than Shwe a donné au secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, la garantie que la junte accepterait des experts "de toutes nationalités". Mais on ignore encore les modalités pratiques de cet accord, dont Ban Ki-moon a espéré qu'il "pourrait produire des résultats rapidement" tout en reconnaissant que ses "conditions de mise en oeuvre en seraient la clef"."Nous n'avons plus de temps à perdre, il est donc impératif que les autorités birmanes fournissent immédiatement à la communauté internationale les détails pratiques de l'accord", a déclaré pour sa part le commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire, le Belge Louis Michel. La junte birmane a exclu que des bâtiments américaine, britannique et française, qui croisent dans les eaux internationales à proximité de la Birmanie, débarquent du fret humanitaire. Pour les généraux, ont rapporté des responsables de l'Onu, la participation de bâtiments militaires à ces opérations est "un sujet très sensible". Le général Than Shwe a donné toutefois son aval au transfert d'aides humanitaires à bord de navires civiles et de petites embarcations. En Angola, ou il était en visite vendredi, le président français Nicolas Sarkozy a jugé "lamentable" le refus de la junte de laisser le Mistral, qui transporte 1.500 tonnes d'aide, entrer dans les eaux territoriales birmanes. "Je regrette profondément cette décision. Une fois de plus la junte fait le mauvais choix", a-t-il dit à la presse. Les Etats-Unis ont prévenu de leur côté qu'ils ne laisseraient pas indéfiniment leurs navires dans la région. "Nous allons continuer d'essayer de les encourager. Nous avons encore espoir", a dit le porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman. Une conférence de donateurs organisée conjointement par l'Onu et l'Association des Nations du Sud-Est asiatique (Asean), se déroulera dimanche à Rangoun. Une soixantaine de pays et organisations internationales y seront représentés, a déclaré Stephanie Bunker, porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'Onu. La junte réclame plus de 11 milliards de dollars mais les pays donateurs rechigneront à donner tant qu'ils ne pourront pas vérifier sur le terrain ces besoins, a prévenu le secrétaire général de l'Asean, Surin Pitsuwan.