Dans la seule ville de Bogalay, dans le sud-ouest du pays, où 95% des habitations ont été détruites, on dénombre plus de 10 000 victimes. Les équipes des organisations d'aide humanitaire de l'ONU étaient toujours en attente de visas pour apporter leur aide à la Birmanie. Le bilan ne cesse de s'alourdir depuis le passage du cyclone Nargis, dans la nuit de vendredi à samedi, et le risque d'épidémie menace les survivants. La ville la plus touchée a été quasiment rayée de la carte. Quatre jours après le passage du cyclone, le tribut humain ne cesse de s'alourdir. Le bilan officiel est passé, hier, à 22 500 dont 10 000 dans la localité de Bogalay. Dans cette ville détruite à 95%, la plupart des 190 000 habitants sont sans abris. Par ailleurs, pas moins de 41 000 personnes sont portées disparues dans le pays, a annoncé la télévision d'Etat. La plupart des victimes ont été happées par la vague géante de 3,5 mètres de haut, provoquée par le passage de Nargis, cyclone de force 3 dont les vents soufflaient jusqu'à 190 km/h. Le mur d'eau a balayé et inondé la moitié des maisons dans les villages situés au-dessous du niveau de la mer. C'est le plus meurtrier en Asie, depuis 1991, où 143 000 personnes avaient été tuées au Bangladesh. Des images satellitaires de la NASA ont montré des rizières entièrement inondées et la ville de Rangoun encerclée par les eaux. Des humanitaires ont observé de vastes zones jonchées de cadavres. Tout le delta de l'Irrawaddy, où vivent 24 millions de Birmans (la moitié de la population) a été dévasté : des bateaux ont été emportés, des maisons détruites et d'énormes arbres déracinés. Mobilisation internationale intense La communauté internationale s'est mobilisée lundi et mardi pour venir en aide aux rescapés du cyclone Nargis en Birmanie, où le régime militaire a inhabituellement accepté l'assistance internationale, mais posé des conditions à l'entrée d'équipes humanitaires sur son territoire. « Les Nations unies feront tout ce qu'elles pourront pour fournir une assistance d'urgence à la Birmanie », a assuré le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. La junte birmane a accepté les propositions d'aide mais sous condition. Depuis Genève, les porte-parole des agences onusiennes d'aide humanitaire ont indiqué hier que leurs équipes étaient toujours en attente de visas. La Chine, proche allié du régime birman, a annoncé une aide d'urgence d'un million de dollars sous forme d'« argent liquide et de matériel ». La Nouvelle Zélande a aussi proposé d'assister la Birmanie mais à condition que l'aide ne transite pas par le régime en place. Paris a prévu une première aide de 200 000 euros qui sera acheminée en liaison avec la Croix-Rouge et des ONG françaises présentes en Birmanie. Les Etats-Unis, eux, ont annoncé une aide de 3 millions de dollars, en plus des 250 000 dollars immédiatement débloqués par l'ambassade des Etats-Unis en Birmanie. Pour sa part, la Commission européenne a débloqué une aide de 2 millions d'euros, prioritairement dirigée vers la fourniture d'abris et d'eau potable. La Norvège apportera 1,3 million d'euros, les Pays-Bas un million d'euros et l'Allemagne a annoncé l'octroi de 500 000 euros aux organisations humanitaires allemandes. La République tchèque a débloqué 100 000 euros, la Suède va fournir, via l'ONU, un soutien logistique et des équipements destinés à purifier l'eau. Le Japon a octroyé 266 364 dollars d'aide d'urgence, alors que l'Inde a dépêché deux navires de guerre chargés de vivres, tentes, couvertures, médicaments et vêtements. Pour sa part, le Canada va débloquer 2 millions de dollars pour soutenir les organisations humanitaires.