Les participants à la Conférence parlementaire africaine sur le thème "Afrique et migration : les défis, les problèmes et les solutions", ont souligné, vendredi à Rabat, la nécessité de créer une banque africaine pour la gestion des transferts d'argent des émigrés africains. Lors d'un atelier, tenu dans le cadre de cette conférence, sous le thème "Migration et développement : l'action de la main-d'œuvre dans le cadre de la mondialisation, la contribution des émigrés au développement", les parlementaires africains ont mis en avant l'intérêt de l'exploitation des épargnes des émigrés de manière à contribuer au développement des économies de leurs pays d'origine, créant ainsi des conditions propices à la lutte contre la fuite des cerveaux et de la main-d'œuvre qualifiée. Les transferts des émigrés aident non seulement leurs familles dans les pays d'origine à satisfaire leurs besoins quotidiens, mais contribuent également à la création d'infrastructures nécessaires dans ces pays, ont-ils dit, soulignant la nécessité de simplifier les procédures d'investissement pour les émigrés désireux de rentrer dans leurs pays. S'agissant de la question de l'émigration des cerveaux, les conférenciers ont souligné l'apport de ces compétences au niveau du développement des pays hôtes et de leurs pays d'origine aussi bien à travers leurs transferts d'argent ou leur retour définitif dans leurs pays. Ils ont insisté, dans ce cadre, sur la nécessité d'adopter une stratégie visant à développer les aspects positifs du phénomène de la migration et rationaliser la gestion des compétences, tout en veillant au respect de la dignité des émigrés. Le poids économique direct des transferts d'argent vers les pays d'Afrique par les migrants d'origine africaine établis en France est massif et reconnu comme apport monétaire significatif de financement en tous genres dans quelques pays d'Afrique. Il ressort d'une étude de la Banque Africaine de Développement (BAD) publiée le 28 janvier 2008, qu'en 2005, les fonds envoyés par les migrants Sénégalais résidents en France vers leur pays se chiffrent à 449 millions d'euros et ceux des Maliens vers leur pays à 295 millions d'euros. Depuis des temps immémoriaux ! Les actions de solidarité issues des migrants originaires du Maghreb et de l'Afrique sont une réalité qui résulte d'une obligation culturelle de soutien envers leurs familles (au sens large du terme) vivant en Afrique. Depuis toujours, le devoir d'entraide et de partage vis-à-vis d'une communauté villageoise, d'un frère, d'une sœur, d'un cousin, d'un oncle, d'une tante, d'un parent éloigné, voire d'un ami, relève de l'évidence pour les migrants originaires d'Afrique. Ces acheminements de fonds, échappant à tout circuit bancaire de transfert, se pratiquaient généralement de façon informelle jusqu'à ce que, courant 1990, des sociétés de transfert d'argent telle Western Union, comprirent l'ampleur de ces flux et offrirent des prestations sécurisées, un acheminement instantané et une réception immédiate pour le destinataire.