Abdelkader Messahel avait déclaré en avril que l'Algérie n'était pas concernée par la réunion de Rabat. C'est confirmé, l'Algérie ne prendra pas part à la conférence Afrique-Union européenne, prévue les 10 et 11 juillet à Rabat. Lors d'un point de presse animé jeudi à l'issue du Conseil de gouvernement, réuni à Rabat, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Nabil Benabdallah, a affirmé que la position algérienne revêt un caractère politique et, par conséquent, n'a aucun rapport avec le sujet de la conférence. Il a insisté sur le fait que le phénomène de la migration, qui doit rester «loin de tout calcul politique», requiert l'implication de tous dans la recherche de formules pour le traitement de cette question qui concerne des millions d'Africains. Une attitude qui n'arrange pas le Quai d'Orsay, dont le porte-parole M.Jean François Mattei espérait voir l'Algérie prendre part à la conférence Afrique-UE sur l'immigration. «L'Algérie a été invitée à ce titre et nous lui avons fait part de notre souhait qu'elle puisse être représentée», a déclaré M.Mattéi. Cette conférence «doit conduire à mettre en place un partenariat sur les questions des migrations entre les pays placés sur les routes migratoires de l'Afrique centrale et de l'Ouest vers l'Europe», avait souligné le porte-parole du Quai d'Orsay. Tenue par un engagement les 5 et 6 juin derniers à Tripoli, sur la même question, sous l'égide de l'Union africaine, l'Algérie entend ne pas participer à la rencontre Afrique-UE. Alger estime, en effet, que le dossier de l'immigration relève prioritairement de l'Union africaine, seule organisation habilitée à traiter de cette question auprès de ses partenaires de l'Union européenne. En d'autres termes, l'Algérie refuse de prendre part à une conférence qui circonscrit le traitement de l'épineux problème de l'immigration clandestine dans un cadre multilatéral. Un dossier, on ne peut plus complexe, qui doit impliquer l'Union africaine et l'Union européenne, au lieu d'être réduit à trois pays. A noter qu'en avril dernier, le ministre algérien délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, avait déclaré que son pays n'était pas concerné par la réunion de Rabat. Ce qui expliquait la crainte de Paris et Rabat que l'absence de l'Algérie de leur rencontre aboutisse à un boycott important des pays de l'UA. Cette crainte est d'autant plus justifiée que l'Algérie passe pour être un acteur majeur au sein de l'Union africaine. Il convient de rappeler, par ailleurs, que lors de sa dernière visite en Algérie, le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, avait exhorté les responsables algériens à prendre part à la conférence Afrique-UE. C'est dire toute l'importance de l'Algérie sur ce dossier du flux migratoire entre l'Afrique et l'Europe. Cet épisode confirme les propos du président de l'Assemblée française qui a déclaré récemment que «la France (avait) besoin de l'Algérie». Un besoin d'ailleurs confirmé par l'empressement de la France de ne pas couper tous les ponts avec l'Algérie, malgré le climat politique tendu qui a caractérisé les relations entre les deux pays, ces derniers jours. Zone de transit par excellence des émigrés clandestins, venant d'Afrique, l'Algérie compte aborder ce phénomène dans tous ses aspects, aussi bien économique, politique que social. Un aspect auquel les pays initiateurs de la prochaine conférence ne semblent pas accorder une réelle importance.