Confrontée à une crise aigue, la filière élevage sera-t-elle sauvée par la démarche que vient d'entreprendre le gouvernement ? Dès que la tension a touché l'aliment du bétail, le ministère de l'Agriculture a donné son feu vert pour l'importation de pas moins de 300 000 tonnes d'orge au profit des éleveurs, et ce, dans le but de sauver la filière, notamment la branche ovine qui est affectée par la pénurie. Mais, les éleveurs ne semblent pas disposés à se contenter des mesures palliatives de cette nature. En effet, la crise qui touche actuellement la filière élevage a fini par provoquer un débat profond, qui s'est élargi sur la problématique et la vulnérabilité qui caractérise l'approvisionnement en aliment du bétail sur le marché algérien. Les associations regroupant les éleveurs, toutes catégories confondues, ont en effet débattu des moyens de sortie de crise, tout d'abord, par la diminution de la dépendance vis-à-vis du marché extérieur. C'est à partir de là, d'ailleurs, que les acteurs du secteur agricole se sont mis à chercher les moyens à instaurer dans le but de développer la production locale des intrants principaux dans la filière de production des aliments du bétail. C'est le cas, ainsi, de l'association des éleveurs de la wilaya de Tizi Ouzou qui vient de faire appel au ministère de l'Agriculture, à travers les instances locales régissant le secteur, pour faire participer les pouvoirs publics à la relance de la production locale, et ce, à travers le soutien et l'encouragement de la culture des principales matières premières intervenant dans le cycle de production des aliments du bétail. D'emblée, les associations d'éleveurs mettent l'accent sur la culture du maïs et du soja, domaine où l'Algérie dispose de vaste terres pour développer ce genre de culture. Ces deux espèces de produits agricoles constituent les principales matières premières intervenant dans la production des aliments du bétail. A l'heure actuelle, le maïs, à titre d'exemple, est coté à hauteur de 4 500 dinars le quintal, affirment les éleveurs qui tirent la sonnette d'alarme sur les risques qui guettent les différentes filières d'élevage. Dans le même sens, les acteurs du secteur demandent également la mise en place d'organismes qui puissent jouer le rôle d'autorité de régulation du marché, à l'instar des autres produits agricoles touchés actuellement par des perturbations et la flambée des prix sur les marchés internationaux. Dans le même sens, il est ainsi suggéré de promouvoir et d'encourager, à titre d'exemple, la création de coopératives pour ce genre de produits, où l'éleveur pourra s'approvisionner à des prix raisonnables et loin de la pression des spéculateurs qui sévissent actuellement sur le marché national. En tout cas, la démarche des éleveurs est à encourager dans la mesure où elle tend à sauver les différentes filières d'élevage de la tension et de la crise dans laquelle elles se débattent. Il est utile de signaler, à cet égard, que la tension sur les aliments du bétail a provoqué ces derniers mois des flambées ayant touché la production animale, à l'image des œufs dont les prix ont atteint sur le marché des niveaux hors normes, ainsi que le lait cru ou les viandes blanches.