L'inflation en zone euro a de nouveau accéléré en mai pour revenir à son record historique de 3,6% sur un an, dans un contexte de protestation croissante en Europe face à la montée des prix du pétrole, selon une première estimation publiée vendredi par Eurostat.Ce niveau, un record depuis la création de la zone euro en 1999, avait déjà été atteint en mars. L'inflation a ensuite connu une légère décélération en avril, à 3,3%, mais de courte durée. Les prix sont tirés à la hausse notamment par la flambée des prix du pétrole, désormais proches de 130 dollars le baril. Une envolée qui suscite une montée de protestations en Europe des secteurs les plus touchés, pêcheurs, agriculteurs ou routiers. Le débat grandit parallèlement parmi les responsables européens sur une éventuelle réponse politique à apporter à cette hausse des prix pétroliers. Cette nouvelle hausse des prix à la consommation, attendue par les économistes, est très au-delà de la limite tolérée par la Banque centrale européenne (BCE), dont l'objectif à moyen terme est une inflation en zone euro légèrement inférieure à 2%. L'inflation dépasse ce niveau de 2% depuis septembre 2007 dans la zone euro. Par ailleurs, le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet s'est affirmé inquiet du taux d'inflation dans la zone euro, estimant cependant que la monnaie unique n'en est pas responsable, dans une interview au quotidien allemand Bild publiée hier.M. Trichet a également estimé que la crise financière internationale n'était pas terminée. "Mes collègues au sein du conseil de la BCE -- dont Jürgen Stark et Axel Weber -- ainsi que moi même nous inquiétons des prix élevés actuels. J'ai déjà dit au nom de la BCE qu'il nous faut faire attention à ce que le choc des prix du pétrole et des aliments n'entraînent pas un renchérissement des autres marchandises et des augmentations de salaires", a-t-il souligné. Le taux d'inflation dans la zone euro est tombé à 3,3% en avril sur un an après un pic à 3,6% en mars, mais reste loin de l'objectif à moyen terme de la BCE, à savoir un taux légèrement inférieur à 2%. Concernant la monnaie unique européenne, décriée par certains en Allemagne qui affirment que son introduction a fait grimper les prix, M. Trichet a défendu l'euro, affirmant qu'il est aussi digne de confiance que l'ancien Mark allemand. "Depuis l'introduction de l'euro, l'augmentation (annuelle) des prix n'a pas dépassé en moyenne 2,1%," selon M. Trichet. Concernant la crise financière, le président de la BCE, répétant des propos déjà tenus à plusieurs reprises, a estimé que "depuis août 2007 nous faisons face à une très importante et nécessaire correction sur les marchés financiers internationaux, qui se poursuit".