Les cours des métaux précieux ont aligné les records et les plus hauts cette semaine, l'or ayant étincelé à 1070,80 cette semaine, sur un marché dopé par la faiblesse du billet vert et les achats spéculatifs. L'once d'or a encore touché un record historique à 1070,80 dollars cette semaine, poussée par une nouvelle glissade du billet vert. Après avoir évolué pendant des mois (entre mai et août) autour de 950 dollars, les prix de l'or ont fait une brusque percée début septembre. Le 8, ils ont repassé les 1000 dollars, le 6 octobre ils ont dépassé leur performance de mars 2008 (1032 dollars), pour ensuite établir une série de nouveaux records historiques. La poussée s'est arrêtée à 1070,80 dollars, mercredi matin. "Etant donné le dynamisme du marché (de l'or) et les perspectives entourant le dollar, il est difficile d'être autre chose qu'optimiste pour les prix de l'or, d'autant que cela se combine à des taux historiquement bas", commente James Moore, analyste du cabinet Bullion Desk. Les cours de l'or suivent un décalque inverse de ceux du dollar, tombé jeudi à 1,4968 dollar pour un euro, son niveau le plus faible en 14 mois: la faiblesse du billet vert a attisé la crainte d'une inflation à long terme et aimanté les investisseurs vers l'or, considéré comme le plus sûr placement contre l'inflation. Les analystes soulignaient tous l'engouement pour les fonds cotés ETP, des produits financiers cotés en Bourse et adossés à une réserve d'or. L'achat d'un ETP revient à acheter une part d'une réserve d'or. Les participations totales dans les ETPs d'or ont atteint un nouveau record, à 1762 tonnes, rapportait Barclays Capital. En fin de semaine, les cours du métal jaune ont toutefois reculé, pour finir en petite baisse, victimes de prises de bénéfices. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a fini à 1047,50 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1.051,50 dollars vendredi dernier. Les cours du métal gris ont dépassé la barre des 18 dollars, s'envolant jusqu'à 18,08 dollars l'once, un plus haut depuis 15 mois. L'once d'argent a fini vendredi à 17,31 dollars, contre 17,63 dollars une semaine plus tôt. Portés par l'engouement général pour les métaux précieux, le platine a touché son meilleur niveau en 13 mois, le palladium un plus haut depuis 15 mois. Les cours du platine, qui s'étaient effondrés à 744 dollars en octobre 2008, ont presque doublé depuis. Mardi, ils sont montés à 1364,75 dollars, un plus haut depuis septembre 2008. Les prix du platine restent néanmoins à distance de leur record de mars 2008, à 2031,50 dollars. Le palladium a lui aussi brillé, atteignant 366 dollars l'once, un plus haut depuis août 2008. Pour leur part, les cours des métaux de base échangés au London Metal Exchange ont terminé la semaine stables, sans profiter de l'optimisme des marchés d'actions et des autres matières premières, ni des pronostics encourageants émis par les acteurs du secteur lors de la "semaine du LME". Alors qu'une nouvelle glissade du billet vert - tombé jeudi à son niveau le plus bas en 14 mois face à l'euro - a propulsé l'or à des records historiques et le pétrole à des plus hauts depuis un an, les métaux n'en ont pas tiré avantage cette semaine. "Dans un tel contexte, il est surprenant que les cours des métaux ne grimpent pas (...). C'est peut-être le signe que le marché se fatigue", estime William Adams, analyste de Basemetals. Entre janvier et août, les cours du cuivre, du zinc et du plomb ont plus que doublé, l'aluminium a gagné 20%, l'étain 50%. Après de telles performances -- les plus remarquables parmi toutes les matières premières -- le marché semble en panne d'élan. "Il sera très difficile de justifier de nouveaux gains de prix, sans un retour de la demande et une baisse des stocks", estime ainsi Andrey Kryuchenkov, analyste du fonds VTB Capital, ajoutant que "les craintes sur la demande n'ont jamais disparu de l'esprit des investisseurs". A moyen terme, les cours ont toutefois le potentiel de grimper plus haut, ont jugé les experts réunis à la "semaine du LME", le grand rassemblement annuel du secteur. La reprise de l'industrie mondiale devrait en effet doper les achats de métaux. Le rôle moteur de la Chine dans la consommation a été encore illustré cette semaine par les chiffres de ses importations (octobre) qui ont surpris le marché par leur vigueur. Alors qu'on craignait une baisse des importations de cuivre et d'aluminium, les importations de cuivre ont au contraire rebondi, s'affichant toujours en hausse de 87% sur un an. Actuel favori de plusieurs analystes, le ZINC a bondi jusqu'à 2114 dollars la tonne, son niveau le plus fort en 15 mois, avant de conclure en légère baisse. "La fermeture de mines, la baisse de qualité des minerais, et les retards pris dans les projets miniers devraient restreindre l'offre, dynamisant les cours", estime Nicholas Snowdown, analyste chez Barclays Capital. En outre, ajoute Michael Widmer, chez Merrill Lynch, la demande devrait rebondir sachant que "le pire est passé pour la métallurgie". Le zinc entre dans la fabrication de certains aciers. R.T.M.