Qu'avons-nous retenu du mois du patrimoine qui s'est clos comme chaque année le 18 mai dernier ? Quels ont été les moments forts, et quels ont été les engagements pour que notre patrimoine matériel et immatériel ne soit pas rongé par le sel et l'oubli ? De par son histoire encore très peu connue, l'Algérie recèle de nombreux trésors architecturaux qui, classés ou pas peuvent donner un caractère authentique et civilisateur à certaines de nos villes. Rien qu'avec quelques monuments bien retapés et accompagnés d'une feuille de route, nos enfants pourront savoir plus sur leurs racines et par la même avoir des repères qui les rapprocheraient davantage de leur contrée. Ces sites pourraient aussi être un formidable moyen d'attirer une manne touristique qui a complètement disparue de nos espaces. Certains se demandent comment les responsables trouvent-ils l'argent, le temps et les collaborations quand il s'agit de monter des événements conjoncturels comme, “Alger, capitale de la culture arabe 2007”, “L'Année de l'Algérie en France 2003 ” ou autre, et sont en butte à toutes sortes de tracas quand il s'agit de restaurer quelques uns de nos monuments ? La Casbah d'Alger, un espace qu'on vante comme un culte, qui a vu naître des faiseurs de poésie, des guerriers, et des héros, demeure une sorte de mythe qui s'effondre au gré des intempéries sous les yeux de ceux qui crient à tue- tête leur patriotisme. Rien que de ce côté là, nous pouvons citer une bonne dizaine de sites délavés comme les khaimas des nomades. Les mois du patrimoine –du 18 avril au 18 mai- se suivent et se ressemblent par leurs interminables blablas parsemés d'héroïsme et de bravoures. Pourquoi n'incluent-on pas pendant ce rendez- vous des opérations d'envergure qui peuvent rafraîchir notre mémoire et en même temps la conserver ? Hormis le titre, cette manifestation annuelle est seulement une occasion pour certaines structures de condenser leur agenda culturel par un programme épais proposé en cette période là. Dans les sites classés ou pas, quelques miettes folkloriques sont proposées aux officiels et à un public restreint dans une ambiance qui sent le froid et la décadence. Même topo pour le patrimoine immatériel qui se meurt sous les yeux de ceux qui vantent à longueur de cérémonie notre richesse artistique et millénaire. La musique andalouse, comme l'imzad sont menacés de disparition de l'échiquier culturel algérien, et à coup de bendir et de trompette on chante les louages d'un grand pays beau et invincible. Des séminaires, et autres tables rondes se tiennent pour raconter et tracer à la ligne rouge ce qui doit être fait une fois que les lampions du rendez-vous du mois du patrimoine sont éteints. C'est le cas des participants au premier séminaire national sur le patrimoine culturel “ préservation des sites et secteurs protégés ” qui ont insisté, “ sur la conjugaison des efforts pour une meilleure protection et préservation des biens culturels collectifs classés et la réglementation de leur exploitation. ” Ils ont même appelé à l'institutionnalisation et à la promotion, de par le monde, de ce patrimoine, ainsi qu'à la mise en place de mécanismes permettant le perfectionnement des missions d'instances concernées par la gestion des biens culturels, outre l'intensification des activités de sensibilisation sur les modalités et procédures de classement et de réhabilitation des sites et vestiges historiques et culturels. La création d'antennes de l'Office national de gestion des biens culturels protégés, la réhabilitation des Instituts d'archéologie, la mise à la disposition des organismes concernés des moyens réglementaires nécessaires à la préservation des biens, dont ceux chargés du plan d'occupation du sol, font partie des recommandations prônées par les participants. Des paroles en passe de devenir de véritables litanies patrimoniales ! Les membres présents au séminaire ont appelé également à l'association du secteur privé dans la gestion des secteurs culturels protégés, dont les musées, et l'encouragement de la création d'associations chargées de la préservation du patrimoine culturel, la création d'un prix spécial pour les particuliers et entreprises activant véritablement dans le domaine de la protection du patrimoine culturel. Les participants ont plaidé pour l'intégration des services culturels aux comités des marchés publics des wilayas, la sensibilisation des organismes chargés de la réalisation des plans de protection sur l'exploitation des recherches universitaires, la réhabilitation des éléments urbains et le cachet architectural, dont les coupoles, la réglementation des activités commerciales dans les lieux protégés. Organisés par la direction de la culture de la wilaya d'El Oued, les travaux de ce séminaire de trois jours ont été marqués par la présentation de communications ayant trait au plan de protection et réhabilitation des sites archéologiques de Tipaza, la réhabilitation de la première tranche de l'ancien plan de la ville de Guemmar, les moyens de préservation des trésors de la Mésopotamie suite aux actions de destruction et vols ayant touché le patrimoine de l'Irak après son invasion. Les invités de la wilaya d'El Oued, à savoir des chercheurs et spécialistes en patrimoine venus de différentes universités du pays, devraient se rendre aux zaouias Tidjania de Guemmar, vieux quartier de Laâchech d'El Oued et le vieux ksar de Temerna dans la commune de Sidi Amrane, dans la grande région de Oued Righ.