Le ministre de l'Energie et des Mines, et actuel président de l'Opep, Chakib Khelil, accuse la spéculation et le bioéthanol d'être à l'origine de l'envolée des prix du brut.M. Khelil, qui recevait samedi à Alger le ministre français de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie, Jean-Louis Borloo, a réaffirmé qu'il fallait attendre la prochaine réunion de l'Organisation des pays exportateurs (Opep) de pétrole, le 9 septembre à Vienne, pour évaluer la situation du marché du brut et prendre des décisions concernant la production. Des pays occidentaux, dont les Etats-Unis, font pression depuis plusieurs semaines sur l'Opep pour qu'elle augmente sa production, afin d'infléchir les prix des carburants à la pompe. Cette question doit être inscrite à l'ordre du jour de la prochaine édition du G8, qui se tiendra au Japon du 7 au 9 juillet prochain. Plusieurs de ses membres préconisent une action concertée auprès de l'Opep pour qu'elle injecte plus de brut sur les marchés. M. Khelil a implicitement rejeté cette option, en affirmant qu'il n'y avait pas de problème d'offre de pétrole mais un problème de spéculation qui pousse les prix à la hausse. "Il n'y a pas de problème d'offre, le problème est beaucoup plus lié à la spéculation", a déclaré M. Khelil, qui a souligné aussi que "le prix du pétrole est très lié à la situation du taux de change du dollar", marqué par des baisses records, qui "se sont répercutées sur le prix du baril". Le président de l'Opep, qui a également évoqué les "problèmes géopolitiques" (Iran, Irak, Nigeria) comme facteur, de la hausse du brut, s'est montré pessimiste sur l'évolution des prix à court terme. "Le consensus est que la crise (économique mondiale, ndlr) n'est pas terminée et que nous allons continuer à avoir un impact sur le prix du pétrole à travers la spéculation", a-t-il dit. "Le consensus est que la crise (économique mondiale, NDLR) n'est pas terminée et que nous allons continuer à avoir un impact sur le prix du pétrole à travers la spéculation". Selon M. Khelil, "un autre aspect important (lié à la situation des marchés pétroliers) est la situation du marché du gasoil", dont les prix connaissent une importante envolée. "La crise du gasoil est importante parce qu'elle tire, à travers le raffinage, les prix du brut. Cette crise a pour origine l'introduction du bioéthanol sur les marchés, ce qui a conduit à la réduction de la production du diesel", a précisé M. Khelil. "La réduction de la production du diesel a conduit à son tour à une augmentation de son prix", a souligne M. Khelil en évoquant la polémique sur le développement des biocarburants et leur impact sur le marché pétrolier international. Les prix du pétrole ont quasiment doublé en un an. Depuis début mai, ils évoluent à un rythme soutenu de 1% en moyenne par jour. Ils sont remontés vendredi à New York après un nouveau repli du dollar face à l'euro. Le ministre algérien a, par ailleurs, alimenté la polémique qui enfle en Europe sur l'impact des biocarburants sur les prix du pétrole. Il a affirmé que l'envolée des prix du gazole est due en particulier à l'arrivée du biotéhanol sur les marchés, suivie de la réduction de la production de diesel. La production française d'éthanol pour le carburant des voitures a atteint 3 millions d'hectolitres en 2007, soit le double qu'en 2006, selon Alain Jeanroy, coordinateur de la filière. L'objectif est de la porter en 2015 à 15 millions de hectolitres.