Le Conseil de sécurité de l'ONU effectue la semaine prochaine une visite de huit jours dans cinq pays d'Afrique, pour faire le point sur des crises qui sont parmi les plus aiguës du continent, comme la Somalie, le Darfour et le Tchad. La délégation du Conseil ira également soutenir, en République démocratique du Congo (RDC) et en Côte d'Ivoire, les efforts pour promouvoir la paix et la réconciliation. La mission commence lundi à Djibouti, où le gouvernement de transition somalien et son opposition, dominée par les islamistes, devaient reprendre ce week-end leurs pourparlers de paix, sous l'égide de l'envoyé spécial de l'ONU pour la Somalie, Ahmedou Ould-Abdallah. Le premier tour de ces négociations intersomaliennes s'est achevé le 16 mai sans grande avancée. La délégation avait espéré se rendre en Somalie, mais a dû y renoncer, compte tenu de l'insécurité dans ce pays de la Corne de l'Afrique en guerre civile depuis 1991. En mars, le Conseil de sécurité a commencé à discuter d'un retour graduel de l'ONU en Somalie, qui pourrait aboutir à terme, sous certaines conditions, au déploiement d'une opération de maintien de la paix. L'ONU hésite à se réinvestir en Somalie après l'échec d'une mission de paix dans les années 1990. L'ambassadeur d'Afrique du sud à l'ONU, Dumisani Kumalo, qui codirigera la délégation avec son homologue britannique John Sawers pendant la première phase de la tournée, jusqu'au Soudan, a déclaré vendredi à la presse que le Conseil voulait "aider à faire avancer le processus politique" en Somalie. "Notre présence (à Djibouti) enverra aux citoyens somaliens le signal que la communauté internationale s'occupe d'eux", a-t-il estimé.La délégation sera ensuite au Soudan les 3, 4 et 5 juin, pour des rencontres avec les dirigeants du sud-Soudan à Juba, avec le gouvernement soudanais à Khartoum, puis une visite à El Facher, chef-lieu du Darfour Nord et siège du quartier général de la Minuad, la force de paix conjointe de l'ONU et de l'Union africaine. Au Soudan, M. Sawers a souligné le désir du Conseil de "tout faire pour maintenir sur ses rails le CPA", l'accord de paix global signé en 2005 entre Khartoum et l'ex-rébellion du sud, très fragilisé par de récents combats dans la région pétrolifère disputée d'Abyei. "Nous réitérerons la conviction du Conseil que la réduction des tensions entre les gouvernements du Soudan et du Tchad est essentielle pour parvenir à la sécurité régionale", a-t-il également dit. La délégation ira ensuite à N'Djamena pour un séjour d'une journée et demie au Tchad incluant une visite de camps de réfugiés et personnes déplacées à Goz Beida, près de la frontière du Darfour. L'étape suivante, le 7 juin, sera Kinshasa en RDC, où la délégation rencontrera les dirigeants congolais, la société civile et la mission de l'ONU. Elle doit se rendre le 8 juin à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, dans l'est du pays, théâtre de violences continuelles malgré la fin officielle de la guerre civile. Ces deux étapes se feront sous la direction de l'ambassadeur de France à l'ONU, Jean-Maurice Ripert. Au Tchad, le Conseil "témoignera du soutien qu'il apporte aux autorités tchadiennes et centrafricaines" par l'intermédiaire de la mission de police de l'ONU soutenue par l'Union européenne, qui a-t-il dit, "porte à la fois sur l'est du Tchad et le nord-est de la Centrafrique." En RDC, la mission "exprimera le soutien du Conseil au rapprochement entre la RDC et le Rwanda qui résulte du processus de Nairobi et de Goma", a indiqué M. Ripert. La mission se terminera le 9 juin à Abidjan, où les diplomates rencontreront les principaux acteurs de l'application de l'accord de paix d'Ouagadougou qui doit déboucher sur des élections le 30 novembre et mettre fin à la crise politico-militaire qui secoue la Côte d'Ivoire depuis 2002. L'ambassadeur du Burkina Faso, Michel Kafando, dirigera cette dernière phase de la tournée.