Jacques Diouf, le directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a estimé hier, que les pays riches doivent accroître de manière significative leur aide pour lutter contre la hausse des prix des produits alimentaires. Pour soutenir les pays en voie de développement elle doit atteindre les 30 milliards de dollars (19,3 milliards d'euros) par an ; la seule façon de sortir de la crise est d'augmenter la production, notamment dans les pays pauvres. Cette crise implique chaque pays dans le monde. Des chefs d'Etat et de gouvernement du monde entier sont attendus demain à Rome pour un sommet de la FAO sur la sécurité alimentaire, au cours duquel ils tenteront d'harmoniser leurs positions pour trouver des remèdes face à la flambée des prix des denrées. A cette occasion, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, le Docteur Saïd Barkat s'est rendu hier en Italie à la tête d'une importante délégation pour prendre part aux travaux de haut niveau sur la sécurité alimentaire. Les travaux du sommet seront inaugurés par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Il devrait annoncer un plan d'action élaboré en concertation avec le FMI et la Banque mondiale et qui contiendrait des principes d'action pour faire face à la hausse des prix. A noter que ce plan d'action devrait être mentionné dans la déclaration finale du sommet, en vue d'une éventuelle adoption par l'Assemblée générale de l'ONU à New York, en septembre prochain. Le sommet pourrait aussi être sanctionné par la création d'un fonds d'urgence pour l'aide alimentaire d'urgence, même si son but n'est pas de collecter des fonds. La FAO réclame de 1,2 à 1,7 milliard de dollars pour des programmes urgents de distribution de semences et de fertilisants afin de sauver la production agricole de l'année 2008-2009. La conférence devrait aussi définir de nouvelles normes pour la culture de biocarburants, qui est désignée comme responsable de la hausse des prix des céréales. A l'issue d'un entretien avec la chancelière Angela Merkel, lors d'une visite à Berlin dimanche, le Premier ministre japonais, Yasuo Fukuda, dont le pays exerce la présidence du G8, a appelé sur ce thème à un vaste programme de mesures à "court, moyen et long termes" en faveur des pays pauvres. En raison de la baisse des stocks et des exportations vers "de plus en plus de pays", les prix ont flambé, a-t-il rappelé, et certains d'entre eux "qui ne peuvent faire face à cette hausse des prix n'ont plus assez de nourriture, donc la communauté internationale doit s'asseoir à une table et décider de mesures d'urgence de court terme", a estimé le premier ministre japonais. En outre sur le long terme, il a exhorté les pays riches à aider les pays pauvres, en particulier africains, à produire davantage et à devenir autosuffisants. "Nous devons exporter des semences et du savoir-faire", a-t-il dit. M. Fukuda et Mme Merkel ont tous deux appelé à veiller à ce que la production d'agrocarburant que plusieurs organisations internationales tiennent pour le principal responsable de la hausse spectaculaire du prix des aliments ces dernières semaines - ne mette pas en danger certaines cultures.