Il y a trente ans, disparaissait le romancier algérien d'expression française, Malek Haddad, emporté par une foudroyante maladie, le 02 juin de l'année 1978.La commémoration de la disparition de l'un des auteurs encore très peu connu, quoique son œuvre comme le Quai aux fleurs ne répond plus, soit dans le programme de l'université des lettres française, s'est déroulée tout de même par une action honorifique. Media Plus vient de rééditer trois de ses ouvrages phares en l'occurrence L'élève et la leçon, Je t'offrirai une gazelle, Le Quai aux fleurs ne répond plus. Ces romans qui traduisent à la fois et le contexte colonial de l'époque, et l'exil intérieur des hommes qui comme Malek Haddad “ parlent et écrivent dans la langue de l'ennemi”, peuvent d'avance être classés parmi la production littéraire algérienne des écrivains de la première génération. Ces écrivains qui ont tous connu la guerre et ont tenté dans la langue de l'autre de dire toute “ l'aberration coloniale.” Malek Haddad fut l'alter ego de Kateb Yacine avec lequel il a partagé le pain noir dans cet l'exil en Camargue où les deux hommes travaillaient en 1954 comme ouvriers agricoles. Quoiqu'il furent compères, les deux écrivains avaient des opinions différentes par rapport à la langue française, puisque l'auteur de Nedjma disait que le français était un acquis, mieux, “Un butin de guerre” qui aurait permis à l'algérien de dire sa hantise du colon dans la langue de ce dernier, alors que Malek Haddad était déchiré par le fait d'écrire dans une langue que sa grand-mère ne pouvait lire. Cette question se fait d'autant plus aiguë, lorsqu'il écrit dans Les zéros tournent en rond (essai) : “Voilà presque 30 ans ou plus que de notre première ardoise remise à la correction de notre institutrice à nos manuscrits remis à nos éditeurs, nous écrivons le français, nous étudions le français et nous diffusons par le truchement de la langue française notre pensée ”. Hormis les thèmes actuels de la guerre et de son absurdité, la plupart des œuvres de Malek Haddad traduisent son déchirement entre sa terre natale du Maghreb, et sa terre d'adoption, l'Occident. Comme Driss Chraibi et certains des écrivains créoles, l'auteur de, Le malheur en danger (poésie, 1956), est obsédé par cette quête identitaire qui devait tout comme la négritude être pleinement assumée. Rejeton d'un instituteur, Malek Haddad qui a eu à faire un bref passage dans la chose didactique est natif de la ville de Constantine. En 1954, il abandonne ses études à la faculté de droit d'Aix-en-Provence, pour travailler à la Camargue. Pendant la Guerre de Libération, Malek Haddad collabore à plusieurs revues parmi lesquelles “Entretiens”, “ Progrès ”, “Confluents”, “Les Lettres françaises”. C'est entre 1958 et 1961 que l'écrivain s'adonne pleinement à l'écriture de romans. Juste après l'indépendance, Malek Haddad s'installe à Constantine et collabore à l'hebdomadaire “ Atlas ” et à la revue “ Novembre ” et dirige de 1965 à 1968 la page culturelle d'An Nasr qui paraît alors en langue française. Chargé de la direction de la Culture au ministère de l'Information de 1968 à 1972, il fonde la revue littéraire “ Promesses ”. Ses livres qui sont un témoignage poignant du contexte colonial de l'époque sont traduits dans quatorze langues.